Quelques résonances dans l’histoire de la spiritualité.
Être une source pour les autres
174. Saint Ambroise recommande de s’abreuver au Christ « afin que la source d’eau abonde en toi qui jaillit pour la vie éternelle ». Et Marius Victorinus affirme que l’Esprit Saint est donné en telle abondance que « celui qui le reçoit devient un sein qui déverse des fleuves d’eau vive ». Saint Augustin dit que ce fleuve qui jaillit du croyant est la bienveillance. Saint Thomas d’Aquin réaffirme cette idée en soutenant que lorsque quelqu’un « s’empresse de communiquer aux autres les divers dons de grâce qu’il a reçus de Dieu, l’eau vive jaillit de son sein ».
176. Au sein de l’Église, la médiation de Marie, mère qui intercède, ne peut être comprise que « comme une participation à l’unique source qu’est la médiation du Christ lui-même », l’unique Rédempteur. « Ce rôle subordonné de Marie, l’Église le professe sans hésitation ». La dévotion au cœur de Marie n’entend pas affaiblir l’adoration unique due au Cœur du Christ, mais la stimuler : « Le rôle maternel de Marie à l’égard des hommes n’offusque et ne diminue en rien cette unique médiation du Christ : il en manifeste au contraire la vertu ». Grâce à l’immense source qui jaillit du côté ouvert du Christ, l’Église, Marie et tous les croyants, deviennent de diverses manières des canaux d’eau vive. Le Christ déploie, de cette manière, sa gloire dans notre petitesse.
La réparation : construire sur les ruines
Sens social de la réparation au Cœur du Christ
182. Saint Jean-Paul II dit que, « la civilisation du Cœur du Christ pourra être bâtie sur les ruines accumulées par la haine et la violence » en nous abandonnant à ce Cœur. Cela implique certainement que nous soyons capables de « joindre l’amour filial envers Dieu à l’amour du prochain ». Telle est en réalité « la véritable réparation demandée par le Cœur du Sauveur ». Avec le Christ, nous sommes appelés à construire une nouvelle civilisation de l’amour sur les ruines que nous avons laissées en ce monde par notre péché. Telle est la réparation que le Cœur du Christ attend de nous. Au milieu du désastre laissé par le mal, le Cœur du Christ veut avoir besoin de notre collaboration pour reconstruire le bien et le beau.
183. Il est vrai que tout péché nuit à l’Église et à la société, de sorte qu’ « on peut attribuer indiscutablement à tout péché le caractère de péché social ». Cependant, cela est particulièrement vrai pour certains péchés qui « constituent, par leur objet même, une agression directe envers le prochain ». Saint Jean-Paul II explique que la répétition de ces péchés contre les autres finit souvent par renforcer une « structure de péché » nuisant au développement des peuples. Cela est souvent ancré dans une mentalité dominante qui considère normal ou rationnel ce qui n’est rien d’autre que de l’égoïsme et de l’indifférence. Ce phénomène peut être défini comme une “aliénation sociale” : « Une société est aliénée quand, dans les formes de son organisation sociale, de la production et de la consommation, elle rend plus difficile la réalisation de ce don et la constitution de cette solidarité entre hommes ». Ce n’est pas seulement une norme morale qui nous pousse à résister à ces structures sociales aliénées, les mettre à nu et susciter un dynamisme social qui restaure et construit le bien, mais c’est la « conversion du cœur » elle-même qui « impose l’obligation » de restaurer ces structures. Telle est notre réponse au Cœur aimant de Jésus-Christ qui nous apprend à aimer.
184. C’est précisément parce que la réparation évangélique a cette forte signification sociale que nos actes d’amour, de service, de réconciliation, pour être effectivement réparateurs, ont besoin que le Christ les pousse, les motive, les rende possibles. Saint Jean-Paul II a également déclaré que, pour construire la civilisation de l’amour, l’humanité a aujourd’hui besoin du Cœur du Christ. La réparation chrétienne ne peut être comprise uniquement comme un ensemble d’œuvres extérieures, bien qu’indispensables et parfois admirables. Elle exige une mystique, une âme, un sens qui leur donne force, élan et créativité inlassables. Elle a besoin de la vie, du feu et de la lumière qui procèdent du Cœur du Christ.