Reconnaître les « capacités apostoliques et missionnaires  » des personnes handicapées

Mardi 27 juin 2023

Chers frères et sœurs,

Je vous accueille à l’occasion du 25e anniversaire de l’institution du secteur pour la catéchèse des porteurs de handicap du bureau de catéchèse national italien. Une célébration qui incite à renouveler l’engagement afin que les personnes porteuses de handicap soient pleinement accueillies dans les paroisses, dans les associations et dans les mouvements ecclésiaux. Je vous remercie pour les questions que vous m’avez posées et qui montrent votre passion pour ce domaine de la pastorale. Celui-ci requiert une double attention : la conscience de l’éducabilité à la foi de la personne porteuse de handicap, que celui-ci soit grave ou même très grave ; et la volonté de considérer la personne comme un sujet actif dans la communauté dans laquelle elle vit.

Ces frères et sœurs — comme le démontre également ce congrès — ne sont pas seulement en mesure de vivre une expérience authentique de rencontre avec le Christ, mais elles sont également capables de la témoigner aux autres. Beaucoup a été fait en ce qui concerne le soin pastoral des porteurs de handicap ; il faut aller de l’avant, par exemple en reconnaissant davantage leur capacité apostolique et missionnaire et, avant encore, la valeur de leur « présence » comme personnes, comme membres vivants du Corps ecclésial. Dans la faiblesse et la fragilité se cachent des trésors capables de renouveler nos communautés chrétiennes.

Dans l’Eglise, grâce à Dieu, on enregistre une attention diffuse au handicap sous ses formes physique, mentale et sensorielle, et une attitude d’accueil général. Toutefois, nos communautés ont encore des difficultés à pratiquer une véritable inclusion, une pleine participation qui puisse finalement devenir ordinaire, normale. Et cela requiert non seulement des techniques et des programmes spécifiques, mais avant tout la reconnaissance et l’accueil des visages, la certitude tenace et patiente que chaque personne est unique, et que chaque visage exclu est un appauvrissement de la communauté.

Dans ce domaine également, l’engagement des familles est décisif, celles-ci demandant non seulement d’être accueillies, mais stimulées et encouragées. Que nos communautés chrétiennes soient des « maisons » où chaque souffrance trouve com-passion, où chaque famille avec son fardeau de douleur et de difficultés puisse se sentir comprise et respectée dans sa dignité. Comme je l’ai observé dans l’exhortation apostolique Amoris laetitia, « l’attention accordée, tant aux migrants qu’aux personnes diversement aptes, est un signe de l’Esprit. Car les deux situations sont paradigmatiques : elles mettent spécialement en évidence la manière dont on vit aujourd’hui la logique de l’accueil miséricordieux et de l’intégration des personnes fragiles » (n. 47).

Sur le chemin de l’inclusion des personnes porteuses de handicap, leur admission aux sacrements occupe naturellement une place décisive. Si nous reconnaissons la particularité et la beauté de leur expérience du Christ et de l’Eglise, nous devons en conséquence affirmer avec clarté que celles-ci sont appelées à la plénitude de la vie sacramentelle, également en présence de graves dysfonctions psychiques. Il est triste de constater que dans certains cas demeurent des doutes, des résistances et même des refus. On justifie souvent le refus en disant : « De toutes façons, il ne comprend pas », ou bien : « Il n’en a pas besoin ». En réalité, cette attitude montre que l’on n’a pas vraiment compris le sens des sacrements eux- mêmes et, de fait, on nie aux personnes porteuses de handicap l’exercice de leur filiation divine et leur pleine participation à la communauté ecclésiale.

Le sacrement est un don et la liturgie est vie : avant encore d’être comprise de manière rationnelle, elle demande à être vécue dans la spécificité de l’expérience personnelle et ecclésiale. Dans ce sens, la communauté chrétienne est appelée à œuvrer afin que chaque baptisé puisse faire l’expérience du Christ dans les sacrements. Que la communauté se préoccupe vivement que les personnes porteuses de handicap puissent faire l’expérience que Dieu est notre Père et nous aime, qu’il privilégie les pauvres et les petits à travers les simples gestes d’amour quotidiens dont ils sont les destinataires. Comme l’affirme le Directoire général pour la catéchèse : « L’amour du Père pour ces fils plus faibles et la présence constante de Jésus et de son Esprit, confirment que toute personne est capable, malgré ses limites, de grandir en sainteté » (n. 189).

Il est également important de faire attention au placement et à la participation des personnes porteuses de handicap dans les assemblées liturgiques : se trouver dans l’assemblée et apporter sa propre contribution à l’action liturgique à travers le chant et des gestes significatifs, contribue à soutenir le sens d’appartenance de chacun. Il s’agit de faire grandir une mentalité et un style qui mette à l’abri des préjugés, de l’exclusion et de la marginalisation, en favorisant une fraternité effective dans le respect de la diversité appréciée comme valeur.

Chers frères et sœurs, je vous remercie pour ce que vous avez fait au cours de ces vingt-cinq années au service de communautés toujours plus accueillantes et attentives aux derniers. Allez de l’avant avec persévérance et avec l’aide de la Très Sainte Vierge Marie, notre Mère. Je prie pour vous et je vous bénis de tout cœur ; et vous aussi, s’il vous plaît, priez pour moi.

(Rencontre du Pape François

avec les participants au Congrès pour les personnes handicapées,

organisé par la Conférence épiscopale italienne, 11 juin 2016)

Revenir en haut