C’est « divinement, » grâce à Jésus, que pu réaliser la reconnaissance de mon être de pauvre.
Par la nuit dévêtue d’étoiles/ Et d’une splendeur sans égale/ J’irai sur les places, dans les rues/ Plus loin que ma vie suspendue :/
Le Père de Foucault a été important dans mon chemin de conversion au Sahara. C’est « divinement, » grâce à Jésus, que pu réaliser la reconnaissance de mon être de pauvre. L’épanouissement de ma personne a pu commencer à se reconstruire selon l’Evangile. L’approfondissement de mon appel au service de Jésus fut un long cheminement vers ma vocation. A Alger je me suis demandé si les petits frères de Foucauld ne seraient pas plus adaptés à ma condition de pauvre que les Pères blancs. Les Pères blancs étaient surtout de « milieu » plutôt bourgeois, cultivé, et je venais du monde ouvrier ! Il me fallait entreprendre un discernement pour avancer dans l’approfondissement de mon appel au service de Jésus. J’ai approfondi cela dans un dialogue avec les petits frères de Foucauld d’Alger et c’est ainsi que nous avons convenu de mon entrée chez eux, à Montbard, dès mon retour en France, pour un essai. Mon engagement militaire s’est terminé à Lille et je me suis retrouvé dans le civil. Sans attendre je me suis rendu chez les petits frères de Foucault de Montbard. Je garde le souvenir de la grande image du Sacré Cœur dessinée par le Père de Foucault au Sahara peint sur le mur de la chapelle.

Que les gardes prennent garde !/ Je ne crains plus leurs échardes/ A travers la cité, j’irai/ Plus loin que les lieux désolés/
A Montbard je travaillais chez un horticulteur de la ville, je repiquais des pensées. Je me retrouvais bien dans ce travail tout simple et je me suis réconcilié là, avec le travail manuel que j’avais dévalué. La douce main de Marie me guidait quand il me fut proposé d’aller faire des études plutôt que poursuivre chez les petits frères ! J’ai vécu douloureusement ce départ que je considérais alors comme un rejet des petits frères à mon égard. Il se trouve que de Ouargla je m’étais inscrit aussi à Bonnelles chez les Pères blancs pour commencer la formation à la rentrée. Je partis donc à Bonnelles, dans la région parisienne, le lieu de formation prévu là. Nous étions trois dans la classe de rattrapage de latin qu’il fallait connaitre avant d’intégrer les classes de théologie qui se donnaient dans cette langue. Là se trouvait Gérard qui habitait le village de Trosly-Breuil dans l’Oise. Gérard invita plusieurs étudiants à venir y passer le mois de septembre. Je me suis retrouvé dans une communauté chrétienne qui vivait avec des personnes handicapées mentales au quotidien. J’aimais bien cette communauté. A sept heures du matin, serrés dans la petite pièce qui nous servait de chapelle, nous nous retrouvions pour célébrer la messe. Mais je fus heureux de me retrouver un mois plus tard, à la gare de Compiègne. Les personnes handicapées ne m’attiraient pas, elles avaient été pour moi une épreuve de foi car je ne les connaissais pas. Il fallait un grand regard de foi pour entrer dans ce mystère.

J’irai par-delà les déserts/ Les sables brulants des vipères/ Les sommets de solitude/ Les fourrés d’incertitude/ J’irai lâcher tous mes oiseaux/ Et balancer mes idéaux. /
Si d’habitude je me croyais « pauvre, » je me trouvais là devant des personnes beaucoup plus pauvres et démunies que moi ! C’est là que j’ai entendu parler de ce que l’on appelait la conscience d’amour des tous petits. Je me suis donc retrouvé à Kerlois dans le Morbihan, le grand séminaire des Pères blancs, pour faire de la théologie. Avec beaucoup d’ardeur je me débrouillais au mieux pour ces études. Bien que j’aie de la peine à tout faire dans les programmes, j’aimais cette vie d’études, mais j’éprouvais une vraie difficulté avec l’Anglais ! Là, mon esprit avait là beaucoup de mal ! J’aimais l’histoire de l’Eglise, les cours sur Vatican II qui se vivait à cette époque. Je me souviens des parties de foot dans cette grande propriété, Le mercredi, jour de détente, j’avais choisi de visiter une personne handicapée à Hennebont. La révolution de « mai 68 » se profilait à l’horizon et on en parlait pas mal ! Marie continuait son accompagnement à mon égard ! Il me fallait rejoindre le monde ! La surprise était grande. Que faisait Dieu avec moi après ces deux essais ? Je ne savais pas en quel lieu je pourrais aller. En fait, la seule « chose » dont j’avais besoin était la messe quotidienne. Apres quelques réflexions, il m’apparaissait clairement que je devais rejoindre une communauté de pauvres. Je suis arrivé là sans prévenir, un 1er mai par le train de minuit, comme à Montbard et comme à Bonnelles. Cette fois encore, je me suis dirigé vers la chapelle qui était toujours ouverte, pour y passer le reste de la nuit.