"Comme il en fut aux jours de Noé, ainsi en sera-t-il lors de la venue du Fils de l’homme. En ces jours-là, avant le déluge, on mangeait et on buvait, on prenait femme et on prenait mari, jusqu’au jour où Noé entra dans l’arche ;"

Dans cette nouvelle année liturgique qui commence, nous voulons être attentifs à l’Esprit Saint. L’Avent, c’est d’abord une attitude d’écoute et d’attente. C’est contempler la flamme de la bougie dans le noir. C’est réaliser que ce que nous attendons prend forme et visage. Il y a quelques jours nous fêtions Jésus, le Roi de l’univers, le roi d’amour qui vient tout transformer. Le temps de l’Avent nous rappelle à l’attente, à une disponibilité de fond. Nous attendons une humanité nouvelle. Notre être doit être renouvelé par Jésus. L’être humain est capable de disponibilité, son cœur le rend attentif à tout, au silence. Dans le respect de l’autre, l’attention fait surgir en nous l’instant présent. « L’avènement du Fils de l’homme ressemblera à ce qui s’est passé à l’époque de Noé. » Sans une grande attention, le changement n’est pas perçu. Dans quelques semaines, nous accueillerons le Roi d’amour comme un tout petit enfant. Nous sommes le "Peuple qui marche dans la longue nuit," nous situant humblement devant Dieu. C’est maintenant la longue nuit de l’humanité, la longue nuit des peuples où Jésus n’est pas connu.
Les gens ne se sont doutés de rien, jusqu’à ce que survienne le déluge qui les a tous engloutis : telle sera aussi la venue du Fils de l’homme. Alors deux hommes seront aux champs : l’un sera pris, l’autre laissé. Deux femmes seront au moulin en train de moudre : l’une sera prise, l’autre laissée. Veillez donc, car vous ne savez pas quel jour votre Seigneur vient. Aujourd’hui Jésus n’est plus connu chez lui, dans son pays. Rien ne semble distinguer ces deux hommes et ces deux femmes de l’Evangile. Avec Jésus, c’est l’intérieur de la personne qu’il nous faut regarder. « Veillez donc, car vous ne connaissez pas le jour où votre Seigneur viendra. » Par Marie, la terre s’ouvre au cœur à cœur avec Dieu. Le Sauveur germe dans l’humanité. C’est le mystère que nous célébrerons à Noël. Dieu, comme un Amour, vient tout renouveler sur notre terre. Il vient prendre corps en nous pour que nous revêtions la divinité. Cet amour de Dieu vient saisir notre cœur et le fait battre au rythme du cœur de Dieu. Nous attendons ce renouvellement fondamental de notre vie au plus secret de notre existence. D’année en année, notre foi se renouvelle, notre charité s’intensifie et notre espérance grandit. Nous voulons être plus vigilants. Nous sommes plus conscients du trésor de notre foi et nous voulons entraîner le monde à la suite de Jésus.
"Comprenez-le bien : si le maître de maison avait su à quelle heure de la nuit le voleur viendrait, il aurait veillé et n’aurait pas laissé percer le mur de sa maison. Tenez-vous donc prêts, vous aussi : c’est à l’heure où vous n’y penserez pas que le Fils de l’homme viendra." L’allusion au déluge et l’évocation du voleur peut nous faire craindre la réalité du Royaume de Dieu. Nous vivons au rythme du monde, de notre pays, attentifs à nos frères qui ne croient pas en Dieu. Thérèse de Lisieux disait dans un moment illuminé de sa vie : « J’avais cru que la foi était si évidente pour tous ! » Mais l’épreuve va là transformer : « Je sais qu’il y a des gens qui ne croient pas. » Jésus vient chaque jour dans l’humanité comme il est venu il y a deux mille ans. Il est caché dans les pauvres. Combien de peuples sont dans l’angoisse aujourd’hui. Combien de frères et de sœurs sont en agonie, ils attendent le soir pour se réveiller ailleurs. C’est dans cette humanité que l’amour se donne, que nous préparons la venue de Jésus et son retour : « Viens, Seigneur Jésus ! Viens. » Il nous faut être attentifs au présent, à tous les événements de notre quotidien. Jésus vient, il est là. Il est le chemin de ceux qui espèrent une humanité nouvelle. Notre marche vers Noël, c’est la marche vers l’humanité nouvelle symbolisée par l’Enfant Jésus, soyons prêts.