"Or, près de la croix de Jésus se tenaient sa mère et la sœur de sa mère, Marie, femme de Cléophas, et Marie Madeleine."

Après avoir fêté la Croix glorieuse de Jésus, nous vivons la "fête" de Marie, la femme des douleurs. Marie, la mère de Jésus, ne dit pas un mot ! C’est toute sa vie donnée qui est là, dans le silence du Magnificat de l’Immaculée. C’est avec force que s’exprime tout ce qu’elle à dit dans l’Evangile, "faites tout ce qu’il vous dira." Nous entendons la souffrance de cette mère qui assiste au supplice et à l’agonie de son fils. Marie est démunie, sans prise sur ce qui se passe. Elle est bouleversée au plus profond d’elle-même, au point de ne plus pouvoir exprimer le moindre mot, même à l’égard de celui qui est l’unique de sa pensée. Marie, à la croix, vivra ce que nous-mêmes connaissons, lorsqu’en totale incapacité de changer quoi que ce soit à la situation de l’aimé souffrant, nous ne pouvons qu’un « être là, » immobile. Ce vécu de Marie est Evangile, Parole inespérée qui lui est adressée de la part de Jésus pour lequel elle est en souffrance. Si Jésus nous sauve par sa Passion, Marie participe au salut de l’humanité avec Jésus, par sa Compassion. Jésus dans sa Passion, ouvre pour chacun de nous un chemin de salut. Par son immense amour, il a vaincu la mort, il est venu à bout de la haine, il a pris sur lui toute maladie. Marie, Notre-Dame des douleurs, participe aux souffrances de Jésus pour le salut du monde. Jésus, dans son amour, a fait don de sa mère au disciple, à l’Eglise et à l’humanité.
"Jésus, voyant sa mère, et près d’elle le disciple qu’il aimait, dit à sa mère : « Femme, voici ton fils." Jésus, s’adressant à sa mère et au disciple qu’il aimait, leur fait un Don si merveilleux, en lui, il leur donne d’aimer. Cette Parole si forte brise l’inacceptable qui serait de ne plus pouvoir aimer. Marie, atteinte dans sa chair par la souffrance, malgré les prétentions de la mort, sera aimée, elle pourra aimer. Nous connaissons ce sentiment, lorsque l’histoire s’arrête et que tout devient solitude, la vie pourra de nouveau être habitée. La maternité de Marie envers l’humanité avait déjà été annoncée, elle est maintenant clairement précisée et établie. Marie, la Mère du Christ, se trouve dans le rayonnement du mystère pascal de Jésus. Le Concile n’hésite pas à appeler Marie « Mère du Christ et Mère des hommes. » Marie, dans ses douleurs, manifeste le mystère du Salut en Jésus Christ, l’enfantement de l’Église ! La femme donne la vie à nouveau, par la maternité de son cœur virginal : « Vois : ton fils qui est là provoquera la chute et le relèvement de beaucoup en Israël. » Il nous faut méditer toutes les souffrances de Marie pour trouver la force de vivre celles qui nous arrivent aujourd’hui, parce que nous ne sommes pas épargnés : "Ton cœur sera transpercé comme par une épée."
"Puis il dit au disciple : « Voici ta mère. » Et à partir de cette heure-là, le disciple la prit chez lui." Au pied de la Croix s’exerce la maternité de Marie, selon l’Esprit Saint. La naissance d’un monde nouveau est ouverte par le Nouvel Adam et par la nouvelle Eve. C’est l’enfantement d’un monde nouveau. A la croix est vécu le salut pour Marie, elle nous aide à vivre nos souffrances unies aux douleurs de Jésus. Toutes les douleurs de l’humanité sont contenues dans la Passion de Jésus, elles sont aussi portées par les douleurs de la femme qui enfante avec Lui un monde nouveau. La Croix glorieuse est avant tout un mystère de vie ! C’est aussi le mystère de la Mère des douleurs. Jean, « reçoit parmi ses biens personnels » la Mère de Jésus et l’introduit dans tout l’espace de sa vie : « Il l’accueillit chez lui. » Il entre dans le rayonnement de l’amour maternel avec lequel Marie prend soin de son Fils. Les douleurs du Christ contiennent les douleurs de la mère. Une brèche est ouverte dans nos enfers. Ce que nous avons à vivre de difficile, peut devenir source de vie, enfantement d’un monde nouveau. La présence de Marie dans l’Eglise est l’accueil du don que Jésus fait sur la croix. Marie accomplit l’ultime volonté de Jésus, dans la cohérence du oui de l’Annonciation. Maintenant elle dit oui à la parole de Jésus « voici ton fils, » et elle accomplit la tâche maternelle de veiller sur les disciples avec la grâce nécessaire.