Ils arrivèrent sur l’autre rive, de l’autre côté de la mer de Galilée, dans le pays des Géraséniens.

Comme Jésus sortait de la barque, aussitôt un homme possédé d’un esprit impur s’avança depuis les tombes à sa rencontre ; il habitait dans les tombeaux et personne ne pouvait plus l’attacher, même avec une chaîne ; en effet on l’avait souvent attaché avec des fers aux pieds et des chaînes, mais il avait rompu les chaînes, brisé les fers, et personne ne pouvait le maîtriser. Sans arrêt, nuit et jour, il était parmi les tombeaux et sur les collines, à crier, et à se blesser avec des pierres. Voyant Jésus de loin, il accourut, se prosterna devant lui et cria d’une voix forte : « Que me veux-tu, Jésus, fils du Dieu Très-Haut ? Je t’adjure par Dieu, ne me tourmente pas ! » Jésus et ses disciples passent sur l’autre côté du lac, dans un pays païen. Dieu créateur est bon, sans ombre de mal, et tout être créé, comme tel, est bon. Jésus se trouve face à une humanité disloquée, éclatée. Un mystère d’obscurité, de nuit est tombé sur l’humanité. Tout ce qui peut être infligé à l’humanité par la méchanceté, la perfidie du menteur, est intolérable ! Jésus, le Sauveur du monde, est venu nous en libérer. Le mal ne vient pas de la source de l’être, il n’est pas originel. Le mal vient d’une liberté créée, d’une liberté mal utilisée. Obscur, le mal n’est pas logique. Nous retrouvons mystérieusement ce dont souffre beaucoup de nos contemporains : « J’étais comme un puzzle dont les pièces étaient toutes répandues par terre, progressivement les pièces se sont rapprochées et j’ai retrouvé mon unité, » témoignait un jeune ! Nous avons là comme l’extrême de la souffrance humaine à l’œuvre dans la vie d’un homme, le « mystère d’iniquité, » comme l’appelle l’apôtre Paul.
Jésus lui disait en effet : « Esprit impur, sors de cet homme ! » Et il lui demandait : « Quel est ton nom ? » L’homme lui dit : « Mon nom est Légion, car nous sommes beaucoup. » Et ils suppliaient Jésus avec insistance de ne pas les chasser en dehors du pays. Or, il y avait là, du côté de la colline, un grand troupeau de porcs qui cherchait sa nourriture. Alors, les esprits impurs supplièrent Jésus : « Envoie-nous vers ces porcs, et nous entrerons en eux. » Il le leur permit. Ils sortirent alors de l’homme et entrèrent dans les porcs. Du haut de la falaise, le troupeau se précipita dans la mer : il y avait environ deux mille porcs, et ils se noyaient dans la mer. Cet homme hurle sa vie comme beaucoup de personnes aujourd’hui dans les hôpitaux psychiatriques ou dans les lieux de l’humanité les plus reculés ou femmes et hommes sont à la torture ! La puissance du mal dans le cœur de cet homme est intolérable. Ce mal vient d’une source subordonnée à Dieu qui est le plus fort. Avec la lumière et la force de Jésus l’humanité peut être guérie. Cette dissolution de la personnalité, l’éclatement intérieur de ce pauvre homme dit bien sa souffrance. Dieu a introduit la guérison dans l’humanité, il est entré en personne dans l’histoire, cet homme qui souffre sera guéri. Jésus fait face à l’ennemi de la nature humaine, il vient nous donner la paix. Le Christ crucifié et ressuscité, nouvel Adam, oppose au fleuve pollué du mal, un fleuve de lumière. Et ce fleuve est présent dans l’histoire, le fleuve de lumière qui vient du Christ est présent, il est puissant.
Ceux qui les gardaient prirent la fuite, ils annoncèrent la nouvelle dans la ville et dans la campagne, et les gens vinrent voir ce qui s’était passé. Ils arrivent auprès de Jésus, ils voient le possédé assis, habillé, et revenu à la raison, lui qui avait eu la légion de démons, et ils furent saisis de crainte. Ceux qui avaient vu tout cela leur racontèrent l’histoire du possédé et ce qui était arrivé aux porcs. Alors ils se mirent à supplier Jésus de quitter leur territoire. Comme Jésus remontait dans la barque, le possédé le suppliait de pouvoir être avec lui. Il n’y consentit pas, mais il lui dit : « Rentre à la maison, auprès des tiens, annonce-leur tout ce que le Seigneur a fait pour toi dans sa miséricorde. » Alors l’homme s’en alla, il se mit à proclamer dans la région de la Décapole ce que Jésus avait fait pour lui, et tout le monde était dans l’admiration. Cet Evangile manifeste la souffrance de l’humanité qui fait corps avec le mal-être, la douleur qui l’étreint : "Si vous saviez comme je suis moche ! Est- ce que je pourrais vous dire jusqu’où va ma misère ? est-ce que vous pourriez l’entendre ? disent beaucoup de jeunes. Cette souffrance est répandue dans le monde, c’est la coupe de malédiction que Jésus absorbera dans l’agonie et la Passion ! Dieu, en Jésus, fera surgir de là une coupe de bénédiction : le sang du Christ qui nous purifie et qui nous pacifie. Aujourd’hui, c’est dans la célébration de l’Eucharistie, sur l’autel, que toute la souffrance du monde aboutit. Avec Jésus, en lui et par lui, les tourmentés de la terre reçoivent la lumière du Christ ressuscité qui va leur permettre de retrouver la Paix.