"À leur tour, ils racontaient ce qui s’était passé sur la route, et comment le Seigneur s’était fait reconnaître par eux à la fraction du pain.

Comme ils en parlaient encore, lui-même fut présent au milieu d’eux, et leur dit : « La paix soit avec vous ! » Saisis de frayeur et de crainte, ils croyaient voir un esprit. Jésus ressuscité apparaît à ses amis pour les sortir de la peur et de leur repliement sur eux-mêmes, mais ils ont bien du mal à le reconnaître. Il lui faut beaucoup insister pour que les apôtres osent croire en la résurrection, c’est pour eux si difficile que leur premier mouvement est de croire qu’il s’agit d’un esprit ! Jésus appelle sur eux la paix. Il se laisse toucher, puis il mange avec eux pour tenter de les convaincre, pour leur faire dépasser la peur. La victoire de l’amour n’est pas facile de croire après avoir constaté son échec apparent sur la croix. C’est pourquoi, même après tout cela, l’Évangile nous dit encore que « dans leur joie, ils n’osaient pas encore y croire, et restaient saisis d’étonnement. » Nous avions cru, « mais après tout ce qui est arrivé ! » Jésus leur dit : "Il fallait que s’accomplisse tout ce qui a été écrit de moi dans la loi de Moïse, les Prophètes et les Psaumes." Cette mémoire biblique nous est donnée pour que nous en fassions mémoire sans cesse dans notre vie. Jésus nous donne d’exister en Lui, de le reconnaître par la foi au milieu de nous. Aujourd’hui, dans les difficultés, l’Église peut être frappée de stupeur et de crainte. Dans le combat spirituel il nous faut resserrer les liens qui nous unissent. « C’est bien ce qui était annoncé par l’écriture : les souffrances du Messie. »
"Jésus leur dit : « Pourquoi êtes-vous bouleversés ? Et pourquoi ces pensées qui surgissent dans votre cœur ?" Voyez mes mains et mes pieds : c’est bien moi ! Touchez-moi, regardez : un esprit n’a pas de chair ni d’os comme vous constatez que j’en ai. » Ce long travail de persuasion aboutira à faire des apôtres les colonnes bien solides de l’Eglise sur lesquelles s’appuie depuis vingt siècles, la foi chrétienne. Notre foi s’appuie sur celle de ceux qui l’ont vu, qui l’ont touché, et qui ont mangé et bu avec lui après sa résurrection. Jésus demande de constater et de se laisser interpeller par sa Résurrection : « Pourquoi êtes-vous bouleversés ? Et pourquoi ces pensées qui surgissent en vous ? » Aujourd’hui encore, nous ne nous laissons pas scandaliser par les détresses et les misères du monde et de l’Eglise après celles de Jésus. Pascal disait : "Le Christ est en agonie jusqu’à la fin du monde." Jésus est crucifié dans ses membres, il vit désormais dans la communauté des frères. Il se donne dans sa Parole, dans chacun de ses membres. Il est présent dans les pauvres qui nous manifestent un visage crucifié de Jésus. Jésus est donné dans le pain partagé, la sainte liturgie nous donne le visage glorifié de Jésus, son amour, sa force et sa lumière. Jésus est venu, Il a souffert, Il est mort, Il est ressuscité et nous l’annonçons. C’est dans cet « être ensemble » que nous vivons déjà de sa résurrection. Il continue son œuvre dans l’Église. La présence de Jésus est discrète, remplie d’humilité et de douceur.
« Alors il ouvrit leur intelligence à la compréhension des Écritures. » Il leur dit : « Ainsi est-il écrit que le Christ souffrirait, qu’il ressusciterait d’entre les morts le troisième jour, et que la conversion serait proclamée en son nom, pour le pardon des péchés, à toutes les nations, en commençant par Jérusalem. À vous d’en être les témoins. À la suite des apôtres, nous sommes invités à retrouver Jésus vivant au milieu de nous, à le toucher à travers son corps eucharistique. Car ce même corps de Jésus ressuscité se rend présent parmi nous à chaque eucharistie et il nous est donné de le reconnaître en le recevant. Lui-même nous y invite : « Touchez mes mains et mes pieds, puis prenez et mangez en tous, regardez, c’est bien moi ! » En recevant le corps de Jésus, nous recevons le germe de notre propre résurrection, lui qui dès aujourd’hui enlève notre péché et veut transformer notre vie. Dès lors, affermi dans la même foi que les apôtres, nous pourrons devenir en Eglise les témoins du Christ, et continuer la transmission de la foi née en ce matin de Pâques. Jésus nous est donné pour que nous puissions « prendre » vie, témoigner de sa vie. Témoignage qui est d’abord un témoignage personnel. Chacun de nous, grâce à la parole de Dieu, peut refaire un itinéraire semblable à celui des disciples d’Emmaüs, des Apôtres, de tous ceux qui ont été témoins avant nous. Chacun réalise la cohésion de la communauté, nous construisons le Corps du Christ qui est l’Église.