(200 ; 260 ; a) 7. Avec Marie nous voulons consentir dans la foi, au renouvellement de notre vie. A son école, nous pouvons laisser advenir en nous le oui de Dieu, le consentement à la vie divine, c’est alors que nous demeurerons à la Source toujours jaillissante de la Parole de Dieu. A I’Annonciation, Marie reçoit la Parole donnée par l’Ange dans la foi, elle est éclairée par lui. La foi de Marie est adhésion à un Amour tout nouveau, “personnel” et personnalisant qui vient de Dieu. C’est à une Personne divine qu’elle répond : "L’Esprit Saint viendra sur toi et la puissance du Très haut te prendra sous son ombre". C’est à un Dieu Personnel qu’elle a consenti, Celui qui nous "personnalise," celui qui nous donne d’être ce que nous sommes. C’est en effet « l’Esprit Saint » qui se joint à notre esprit pour nous faire crier vers le Père : “Abba”. Marie, dans la nuit de la foi, est saisie par ce Nouvel Amour du Père pour elle. Mais c’est dans l’angoisse et le combat qu’elle va donner son Oui : “Ne crains pas Marie, lui dit l’Ange.” [99] Dieu, comme son Bien-Aimé, son Amour suprême, lui est donné d’une manière toute nouvelle, inconnue par elle.

5. Avec Marie, nous voulons accueillir le don de Dieu. Pour laisser l’Esprit Saint et Marie former en nous le fils du Père, nous devons contempler la manière dont le Verbe s’est fait chair en Marie visitée par l’Ange Gabriel : “Comblée de grâce”, lui dit-il, vivant d’Amour pour Dieu et pour les hommes. Fiancée à Joseph, elle est visitée comme fille du Père « Le Seigneur est avec toi : l’Esprit Saint viendra sur toi et la Puissance du Très-Haut, te prendra sous son ombre". [95] L’Amour infini de Dieu fait irruption dans tout l’être de cette fille d’Israël, elle est ravie, transportée jusque dans le sein du Père où l’amour incandescent de Dieu est saisit par elle. “Montre-moi ton visage” disait déjà le prophète à Dieu, mais ici, il y a là davantage, c’est elle, la Femme, qui va donner visage à Dieu.
Entrer dans le mystère de I’Annonciation, c’est entrer dans une histoire d’Amour qui s’est révélée un jour de Galilée à Nazareth. Nous aimons situer Marie là, en adoration. Au plus intime de son âme se révèle cette “parcelle de divinité” qui est le reflet de Dieu dans tout être humain. Ce lien d’Amour qu’est l’Adoration la situe à jamais fille de Dieu. Elle est fille des “hommes” créée à l’image et à la ressemblance de Dieu. Les pères de I’Église aiment dire que Marie a conçu Jésus dans sa foi avant de le concevoir dans sa chair. Qu’est-ce à dire, sinon qu’à Nazareth elle contemple et adore en esprit et vérité ce mystère de l’Amour de Dieu qui lui est donné, qui vit dans sa chair. “Voici que la Vierge concevra un fils” disait Isaïe. Était-ce le lieu de sa contemplation quand l’Ange lui apparut ? C’est le secret de Dieu pour elle. II nous est donné de le contempler, de l’accueillir, pour en vivre à notre tour.

Avec Marie, nous voulons entrer dans une Confiance infinie dans l’Amour infini de Dieu. Donner visage humain au Fils Unique du Père, ce n’est jamais apparu encore pour Marie, il lui faut entrer dans sa conscience de fille du Père. Pour devenir Mère, il lui faut se reconnaître Fille de ce Père Invisible qui lui donne d’être la mère de son Unique. Cela se fera à partir de sa conscience d’être la fille d’Anne et de Joachim, ce Passage à une vie nouvelle, à un amour nouveau, une “Pâque”, est pour elle plus que troublant et bouleversant. “Ne crains pas, Marie, lui dit l’Ange de Dieu” [96] C’est un amour inconnu et vraiment nouveau qui est à l’œuvre pour Marie : l’Amour dont le Père s’aime et aime son Fils, l’Amour dont le Fils s’aime et aime son Père, cet Amour est lui-même une Personne Divine qui s’est saisi de Marie, pour la faire rejoindre le Sein du Père, d’où procède éternellement le Fils.
C’est l’Esprit Saint qui lui donne de devenir la Mère de Dieu. “Comment cela peut-il se faire ?” [97] dit Marie à l’Ange. “L’Esprit Saint viendra sur toi et la Puissance du Très-Haut te couvrira de son ombre” [98]. C’est pourquoi continue le Messager divin, « l’être saint qui naîtra sera appelé Fils de Dieu.” [98] Ainsi le Ciel s’est ouvert et de la terre germera le Sauveur. Ce sauveur pourra désormais rejoindre toute personne et en particulier celles qui ont le plus besoin de lui.
II nous faut demeurer à la Source toujours jaillissante de l’Amour de Dieu, avec Marie. L’Amour surabondant de Dieu pour elle est l’Esprit Saint, c’est l’Amour dont elle s’aime, qui vient de Dieu et qui lui donne d’aimer Dieu de tout elle-même. Son chant d’Amour résonnera plus tard dans le magnificat : “Mon âme exalte le Seigneur, exulte mon esprit en Dieu mon Sauveur, iI s’est penché sur son humble servante.” [100] Il nous faut bien reconnaître que cette convocation à l’œuvre divine, est une « bonne » provocation de Dieu à sa petite créature qu’il chérit d’une manière toute spéciale. Eclairée par l’Esprit Saint, Marie consent, dans sa volonté, à l’œuvre de Dieu lui-même. Ce passage de sa volonté propre à la volonté de Dieu n’est pas une réalité facile. Jésus nous exprime, combien pour lui, ce passage ou il demande de ne pas faire sa volonté, mais la volonté de son Père, comporte un combat intérieur : “Père, non pas ma volonté mais la tienne,” dit-il dans l’angoisse à l’approche de sa Passion. [101] Dans la foi, Marie laisse sa volonté être mue par la volonté d’Amour du Dieu qui se révèle à elle comme un Amour nouveau, quand elle est elle-même en « agonie : » « Ne crains pas Marie, » lui dit l’ange.

Dans ce choix d’Amour, la liberté de Marie est totale car ce Dieu d’Amour est Celui qui sollicite délicatement sa volonté. Elle doit simplement donner son consentement. “Qu’il me soit fait selon ta Parole” [102]. C’est ainsi que le vouloir de Marie, nourri par l’Esprit Saint qui lui est donné, rejoint le vouloir du Père qui lui donne de faire advenir dans la chair humaine son propre Fils. Cette Parole va accomplir le mystère de Jésus, le Dieu fait chair : “Et le Verbe s’est fait chair” [103]. Dans la foi, Marie laisse sa volonté être mue par la volonté d’Amour de Dieu, elle va aimer Jésus du même Amour dont le Père l’aime, elle « tisse » le Fils de Dieu dans sa propre chair.
Quand nous traversons une épreuve qui nous déstabilise, notre seule manière de faire face, est de rejoindre la volonté du Père, si nous voulons demeurer dans son amour et non pas entrer en révolte. A la suite de Jésus, nous disons aussi : « Père éloigne ce calice, » car il nous faut vérifier que nous sommes bien face à la volonté amoureuse de Dieu. Dans le dépassement de nous-même qui devra être total, nous reconnaissons le combat dans lequel nous sommes introduits. Les exercices spirituels de Saint Ignace de Loyola peuvent éclairer notre discernement d’une façon très précieuse. Il nous faut en effet retrouver la présence de Dieu en nous, qui confirmera, à l’intérieur de nous-même, que le « passage » que nous sommes en train de vivre, est bien un passage de Dieu, qui approfondit ainsi notre cœur.
Il en est de même dans la transformation de l’état de vie dans lequel nous avançons dans l’existence ! Mais c’est à un niveau tout autre, c’est le lieu de notre existence, le sens de notre vie qui est en jeu. Nous ne pouvons pas être seuls dans cette situation. Quand c’est notre vie qui bascule dans une autre direction que ce que nous avions entrevu jusque-là, nous sommes profondément affectés. C’est encore la vie de Jésus et de Marie, le nouvel Adam et la nouvelle Eve, qui nous ouvre un chemin totalement nouveau. Le Saint Esprit lui-même va se joindre à notre esprit pour nous rendre libre d’entrer dans un nouvel amour pour faire face à cette nouvelle réalité.

Alain, ou le « cœur affamé » a déjà été mentionné dans ce partage (4b : L’Arche, une expérience de vie nouvelle dans l’ouverture à l’autre,) à cause de sa vie affamée d’amour. Il nous est bon de reprendre maintenant ce qu’Alain pouvait vivre, qui illustre bien notre propos, et qui situe ce nouvel amour nécessaire. Alain vivait en effet des moments où il était en bonne forme, mais à d’autres moments, il se laissait mourir. Nous nous posions cette question : « Quel mystère t’habite, Alain, avec ta si grande soif d’aimer et d’être aimé ? » Le regard d’Alain demandait tellement d’amour, comment ne pas alors penser à l’icône de la tendresse de Jésus et de Marie ? Jésus dans son mystère, et Marie dans la réponse à cet Amour nous aide à reconnaître sa demande d’Amour ! Cette soif d’affection qui habite Alain peut être regardée au niveau tout simplement humain, et c’est très nécessaire vu le handicap qu’il porte. Tout l’amour maternel qu’il n’a pas reçu reste une plaie béante, que nous essayons de compenser ! Nous savons combien nous sommes limités, et là, bien souvent, peu "efficaces !" L’instinct d’amour qui habite le cœur de l’adolescent en recherche de don de soi est aussi à prendre en compte. Cependant, la recherche d’amour, dont les racines sont inscrites dans l’être de l’homme, est à interroger ! L’homme n’est pas fait pour vivre seul, Alain a besoin de quelqu’un d’autre qui puisse lui révéler sa beauté, une beauté toute cachée, réfugiée dans son regard que Jésus peut tellement illuminer, quand Alain est saisi par la présence de Dieu. La communauté est alors le Révélateur de cet Amour tout nouveau dont Alain a besoin pour vivre. Il n’est pas nécessaire à l’assistant qui l’accompagne d’être conscient de ce qui se passe, il lui suffit, dans sa bonne volonté, de laisser Dieu agir par lui, même s’il ne le sait pas.

L’expérience du partage de la vie avec Alain, provoque dans le cœur de l’assistant un nouvel amour, car c’est l’amour qui unifie tout dans ce lieu de petitesse et de souffrance. C’est alors que le recours au mystère de l’Incarnation dans lequel Dieu se fait si proche en Jésus est une telle lumière qui nous éclaire. Jésus s’est donné tout petit à sa mère et il a été lui aussi, dans le cœur de Marie, l’agonisant, avant de reposer inerte, après sa mort, entre ses bras. "Mon Dieu, que tes chemins sont impénétrables !" Toi seul sais quelle forme d’amour éveille le cœur si affamé d’Alain ! Tu unifies en toi tous les amours ! En toi, ils sont l’Amour dans lequel nous puisons ! Mais que c’est difficile pour nous de savoir quel amour nous habite, seul l’Esprit Saint le sait en nous, et il nous faut en devenir conscients, car aimer, c’est entrer dans un grand chemin de purification. Jésus, reposant tout petit sur le sein de sa mère, nous donne la compréhension de ce qu’Alain provoque à la chapelle quand il est si abandonné, si paisible dans les bras de l’assistante qui l’accompagne et que sa présence et celle de l’assistante ne font qu’un, au cœur du mystère de l’Eucharistie !
Jésus m’aide à comprendre l’Amour du cœur d’Alain quand il est si relatif, si dépendant, si fatigué ! La provocation d’Alain n’est-elle pas du même ordre que celle que Jésus provoquait au cœur de la Samaritaine quand il lui demandait à boire ? Serait-ce quelque chose de cela qu’Alain provoque chez son assistant quand il est si accablé qu’il réveille son amour, parce que seul l’amour peut le mettre debout ? II y a dans cette demande, un tel engagement que je peux très facilement me défendre, et me contenter de jouer un « rôle éducatif ». Mais je ne suis pas dupe, je connais cette attente cachée au fond du cœur d’Alain : “M’aimes-tu ?” Que répondre ? Comment répondre ? Jusqu’où m’engager ? Serait-ce jusqu’à ce don inconditionné : aimer jusqu’à tout donner, aimer jusqu’à se recevoir de la demande d’amour de l’autre ?
Nous pressentons ici combien la vocation chrétienne dans le sacrement de mariage, ou dans le célibat, nous ouvre à un Amour qui est au-delà de l’amour. Ne faut-il pas, pour aimer, entrer dans le grand chemin de la purification de l’amour ? Jésus et Marie, nous aident à discerner le don si mystérieux de l’agonie et de la mort. Quand Jésus as été fait le « dernier des derniers, » abject, maudit, recevant la haine et finalement la mort, que provoquait-il dans le cœur de Marie ? Serait-ce ce sentiment si éprouvant d’inutilité, qu’Alain a provoqué quand nous avons cru qu’il allait mourir. Une telle odeur de mort avait envahi nos cœurs et même tout le foyer. Il n’a pas fallu moins que la présence de Jésus Ressuscité, dans le sacrement de son Corps eucharistique, que nous avions voulu présent dans cette chambre qui devenait déjà si mortuaire. Quelle horreur dans nos cœurs, que cette odeur de mort, ce sentiment de ne plus rien pouvoir faire ! Même les médecins à l’hôpital et les spécialistes en psychiatrie ne pouvaient plus rien. II y avait encore le prêtre, c’est vrai ! C’est lui, en effet, qui nous a aidés à ressusciter notre cœur. Que nous fallait-il donc croire ? Croire en l’amour éternel, plus fort que la mort ? Croire surtout que notre amour était l’unique remède au mal d’Alain. Avec Jésus ressuscité, nous nous sommes réveillés, Marie avait éveillé en nos cœurs le sens de la Résurrection après la Croix, c’est cet amour du compagnon et de la compagne, si mystérieux qui a remis Alain debout. Car « un frère pour son frère est comme une tour fortifiée, » [56] et nous avons expérimenté cet amour plus fort que la mort, cet amour qui a remis Alain debout, c’était comme une résurrection.
Le cœur d’Alain, si assoiffé éveille en moi la présence de Jésus, l’Amour éternel du Cœur de Dieu. Cet Amour trinitaire dont chaque facette réfléchit en nous un rayon d’amour qui est si riche, si absolu et si révélateur de tout l’Amour infini de Dieu. Alain est celui qui nous est envoyé pour nous déterminer à cet amour nouveau, à cet amour unique, à cet amour qui prend toutes nos énergies et tout notre être pour le recréer en Dieu, le refaire à son image et à sa ressemblance. C’est dans le secret de son Évangile que le Seigneur Jésus nous apprend la véritable humanité qui rayonne de l’amour de Dieu. Les pauvres sont un chemin, une invitation à découvrir ce cœur en attente qui est au fond de nous. C’est une grâce de pouvoir ainsi le découvrir. Nous pouvons ainsi remonter jusqu’au cœur divin du Seigneur Jésus et méditer la compassion de Marie. Alain aura été l’icône si mystérieuse qui nous aura fait prendre ce chemin.

6. Dans le Mystère de Marie, chacun de nous peut être transformé. Marie, dans le nouvel Amour qui lui est donné, aime le Père qui lui donne son Fils Jésus. Ce Père éternel engendre en elle son propre Fils. Dans ce mystérieux Amour qu’elle reçoit du Père, Marie aime Jésus qui est “suscité” en elle par I’Esprit Saint qu’elle reçoit du Père. Elle est vraiment Mère de Dieu. Le Père éternel fait ainsi participer Marie à son Amour même, à ce mystère d’engendrement du Père pour son Unique, il donne à Marie la capacité de tisser en elle la vie humaine de Jésus. Elle va ainsi tisser dans sa chair le corps du Fils unique de Dieu. Le Fils de Dieu contient en lui toutes créatures dira l’Apôtre, Marie, l’immaculée est contenue en lui, quand elle tisse le cœur humain de Jésus. Nous aussi, nous sommes en Lui. L’apocalypse de St Jean [108] parlera des douleurs de l’enfantement de cette nouvelle humanité qui vit de Dieu. La Parole d’Isaïe dit aussi : "Avant d’être en travail, elle a enfanté, avant que lui viennent les douleurs, elle s’est libérée d’un garçon. Qui a jamais entendu chose pareille ? Qui a jamais vu semblable chose ? Un pays est-il mis au monde en un seul jour, une nation est-elle enfantée en une seule fois pour qu’à peine en travail, Sion ait enfanté ses fils ? Est-ce que moi j’ouvrirais le passage à la vie pour ne pas faire enfanter ? »
Si Dieu est devenu homme, c’est pour que l’homme vive de la vie même de Dieu. Cette transformation de l’enfant de Dieu se réalise pour nous dans l’Esprit Saint, en Marie qui forme Jésus en nous. Ce mystère se réalise pour nous d’abord, dans la foi, comme pour Marie qui a porté le mystère de la naissance de Jésus dans sa foi. Selon que le dit Isaïe, après avoir enfanté « la tête » qui est le Christ, elle nous enfante, nous qui sommes « le Corps du Christ » qui est l’Eglise. Pour que Marie donne chair à Jésus, qu’elle lui donne la vie comme à son propre enfant, elle doit tirer d’elle-même la nourriture dont II a besoin. Comme II est le Don du Père, il est aussi le Don de Marie Immaculée. Ce mystère se réalise dans l’Amour même de Dieu pour elle. Le Père et le Fils font jaillir le Saint Esprit dans l’Amour qu’ils se portent, dans l’Amour d’eux-mêmes. Ce mystère de l’Esprit Saint est donné à Marie, la petite fille du Père, qui vit de l’Amour qui vient de Dieu, qui lui est donné pour enfanter le Fils unique du Père. Elle est unie, en quelque sorte, au mystère de I’Engendrement du Père éternel pour son Fils quand il prend chair dans sa propre chair.

Marie, petite créature de Dieu, fille bien aimée du Père, a été « associée » au mystère de la Paternité divine. Comblée de grâce, débordante de l’Amour sans fin de Dieu pour elle, elle est entrée par grâce dans le mystère du salut du monde avec Jésus. C’est dans le mystère qui se réalise à la Croix, dans la chair crucifiée de son fils, que mère douloureuse, elle nous reçoit comme enfant : “Voici ton fils”. Pour la reconnaître comme notre mère bien-aimée, nous devons entrer dans son oui. La prenant, la choisissant comme mère, nous faisons partie de ses enfants et nous devenons l’enfant tendrement chéri du Père. Alors s’ouvre un chemin de révélation, de reconnaissance de notre propre filiation divine. Je suis devenu le fils d’un tel Père dans le Fils unique né de Marie, engendré éternellement par le Père. “C’est ainsi qu’il nous a choisi en lui, avant la fondation du monde, pour être saints et irréprochables devant lui dans l’amour.”[110] J’entre alors dans l’Amour sans fin qui m’est donné pour répondre à cette grâce de filiation, dans la volonté éternelle du Père et grâce au oui de Marie. Étant entré dans ce nouvel Amour qui me désapproprie de moi-même, je pourrai être introduit, selon la grâce qui m’est donnée, dans le mystère de la paternité de ce Père invisible de qui “toute paternité tire son origine”. Entrer dans ce mystère du Don de la vie, c’est être “situé” dans l’Amour inconditionné de Dieu, et laisser cet Amour découvert s’enraciner en soi.
Vivant de cet Amour reçu et donné, je peux me laisser transformer par cet Amour infini, comme Marie, et exercer le ministère qui m’est donné. “Qui est ma mère, qui sont mes sœurs et mes frères, dit Jésus, ce sont ceux qui font la volonté de Dieu et qui la gardent.”[111]. Entrer dans le mystère de la paternité divine, c’est d’abord advenir à sa propre filiation. “Voyez quel grand Amour nous a donné le Père. Nous sommes enfants de Dieu et ce que nous sommes va encore se révéler.”[112] "Est-ce que moi, qui fais enfanter, j’imposerais à la vie une contrainte ?" [109]