v) Ô toi qui demeures en tout lieu, toi la Beauté, mes yeux s’abîment à te chercher sans te trouver !
Du cœur ouvert de Dieu en Croix/ Qui enivre de la vraie joie/ Etoile du nouveau matin/ Source jaillie en plein désert/ Qui calme la soif et la faim/.
« Ô toi qui demeures en tout lieu, toi la Beauté. » Quelle est belle la vie en Dieu, depuis la venue de Jésus. En lui toute beauté, nos yeux s’abîment à le chercher, sans le trouver, pour le chercher encore.
Saigne la lumière lorsque tombe la nuit/ Mais du sein de la terre a retenti un cri/ Christ est vainqueur ! / Christ est vivant ! / Notre Sauveur ouvre les portes éternelles ! / Le Serviteur/ Nouvel Adam/ Ouvre son cœur et de la Croix la Vie ruisselle ! / Ô Croix, scandale qui renverse toute mesure. / Le lieu de la soif devient terre féconde… /

Plus la vie qui nous est donnée participe au Mystère de Jésus, plus elle lui est unie, plus elle plonge ses racines dans la nuit. Le scandale était hier en lui, pour notre admiration devant un tel Amour. Le même scandale est aujourd’hui dans notre propre vie, cette fois pour le contempler en moi, mais il me faut entrer dans le même amour. « Toi la Beauté, mes yeux s’abîment à te chercher sans te trouver. » C’est donc cet amour nouveau jailli toujours du même Cœur ouvert, qui devient la beauté de mes yeux, et la nécessité de mon cœur. « Demeurez dans mon Amour. »
Viens saisir ma main, incline-moi sur ton bras, / Que mon âme soit imbibée de ton éclat, / Introduis-moi en ta secrète possession/ Garde-moi, ton cœur est ma seule guérison. /
Apres le Cœur qui saigne sur la Croix, c’est le cœur de la bien-aimée qui saigne dans la nuit. - Ô toi qui demeures en tout lieu, toi la Beauté, mes yeux s’abîment à te chercher sans te trouver ! Te trouver, pour te chercher encore, est mon nouveau chemin. « A l’ombre bienheureuse d’un ciel tout fleuri, Une source incandescente s’est éclose, » C’est l’aimée en son unique qui repose au loisir de l’esprit, libre de tout souci, je suis à mon bien aimé, mon bien aimé est à moi et ma vie c’est le désir qu’il porte sur moi. Une nouvelle relation d’Amour est née, une intimité nouvelle est donnée pour attendre la Rencontre du Royaume déjà là.
Gambadant de ci de là les bras enlacés/
Mue de tendres élans d’amour immuable/
Elle, soudain, dessaisie par l’insaisissable/
Se laisse retomber dans la sombre vallée/
– O nuit, tu as couvert son âme dans mon cœur/
Laisse à présent sourdre les flots de ma douleur. /
Désormais, ce ne sera plus l’un sans l’autre, une Alliance d’Amour a pris corps qui ne finira pas. La sombre vallée est maintenant « attente, » une attente dans la nuit de la foi nue, remplie d’espérance, mue de tendres élans d’amour immuable. C’est un Golgotha nouveau qui recouvre la terre, dans ce Cœur à cœur nouveau va naitre une fécondité nouvelle. L’aimée dans l’Aimé fera fleurir la vie, un nouvel amour est offert, qui seul peut maintenant combler la bien aimée. C’est en donnant la vie qu’elle prépare le ciel, à sa suite, les bien aimées lui font cortège, c’est tous ensemble que nous nous préparons au ciel.

Laisse répandre au commencement des veilles, le nom de mon aimé : une huile, un baiser ! L’Esprit Saint est le Consolateur de tous, Consolateur de ceux qui sont aimés, Consolateur de ceux qui aiment. C’est désormais en lui que tout se vit, l’amour dans son germe, l’amour dans son fruit.
A tant le désirer, c’est me savoir aimée… / Je l’aspire, tandis qu’il me tire du sommeil/ Il est là, il m’attend et me brule au- dedans/ Qu’il achève en moi le parfait dépouillement. /
Si déjà l’attente me dévore au-dedans, le désire prépare les retrouvailles. Seul le Cantique de l’Amour, en quête du doux visage, fait pressentir les folles étincelles de ce brasier ardent. Il se coule du Nom de Jésus, un Amour tant désiré, une huile qui s’épanche sur tant de plaies, une lumière d’espérance dans la sombre vallée. À celle que tu me donnes, encore je donnerai/
Mon Etre tout entier pour que nôtre soit sa clarté. /