Tel est mon bien-aimé ; tel est mon aimé, filles de Jérusalem.
Vivre à toi seul, être une graine en votre cœur/ Toute entière une offrande à la vie/ S’enfoncer et traverser l’obscure épaisseur/ Et si dans la nuit le silence n’est plus qu’un cri/ Tendre les bras pour mieux se sentir soulevée/ Tout lâcher pour embrasser la vie/ Et s’ouvrir au ciel, en lui s’enraciner/ Caresser la brise et danser au jour fleuri…/ Vienne la pluie, souffle le vent pour dépouiller/ Consentir c’est féconder la vie/ A l’ombre désirée le fruit est présenté/
Vivre à toi seul, être une graine en votre cœur. Toute entière une offrande à la vie. S’enfoncer et traverser l’obscure épaisseur. Et si dans la nuit le silence n’est plus qu’un cri. Tendre les bras pour mieux se sentir soulevée.
Le Calvaire fut pour Marie le glaive qui s’enfonçait dans son cœur. Quel drame se fut pour elle de découvrir que Jésus était condamné par le grand prêtre ! Elle aurait pu s’interposer et « raconter » ce qui est advenu en elle pour la venue de Jésus dans le monde. Nous savons trop combien cela aurait amplifié la condamnation de Jésus. Il lui faudra attendre l’intervention de Dieu à la Résurrection. Nous restons vulnérables quand la confiance vient à manquer dans le regard de « l’autorité religieuse, » sur l’authenticité de notre relation à Dieu. C’est quand nous sommes soumis à ce genre de condamnation et de rejet que nous pouvons « saisir, » à notre mesure, quelque chose de l’angoisse de Jésus, devant la réalité de sa Passion : « Il est venu chez les siens, et les siens ne l’ont pas reçu. »
Ses bras, des torsades d’or serties de topazes. Son ventre : un bloc d’ivoire, couvert de saphirs. Ses jambes : des colonnes de marbre posées sur des socles d’or pur. Son aspect est celui du Liban : comme le cèdre, sans rival ! Sa bouche est pur délice, tout, en lui, est désirable. Tel est mon bien-aimé ; tel est mon aimé, filles de Jérusalem.
Il nous faut rejoindre Jésus qui pardonne à ses accusateurs dans son immense Amour. Marthe Robin décrit bien les sentiments du cœur de Jésus dans sa douloureuse Passion. Elle perçoit l’Amour dont il enveloppe ses bourreaux de manière très précise ! Quand nous passons par ces épreuves, nous pouvons discerner le chemin d’Amour qu’il nous reste à parcourir pour pardonner et demeurer dans la Paix.
Tout lâcher pour embrasser la vie. Et s’ouvrir au ciel, en lui s’enraciner.
Il est nécessaire de nous reconnaître petit et pauvre, avec nos capacités et nos limites, pour rejoindre Jésus dans son mystère. Notre personne profonde et notre intériorité a été « bâtie » dans le Christ. Mais il nous faut encore de nouvelles purifications. Elles interviennent pour moi dans la condamnation par "l’autorité religieuse." La relation vivante à Jésus devient encore plus essentielle. C’est alors salutaire de contempler comment Jésus a été condamné par le pouvoir religieux de son époque. La Défense et la lumière de l’Esprit Saint sont nécessaires pour nous réconforter quand nous sommes dans une situation semblable.
« Prends garde, ne t’occupes pas de la condamnation de ce juste, »
La confidence de la femme d’Hérode : « Prends garde, ne t’occupes pas de la condamnation de ce juste, » ne va pas empêcher le procès de Jésus de se poursuivre. Hérode dira que Jésus est innocent, cependant Jésus sera condamné ! C’est une grande douleur quand le « pouvoir » religieux est rejoint par le pouvoir civil pour la condamnation du juste. La Parole de Jésus : « Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu, » ne peut plus s’exercer ! La liberté n’est plus honorée, et l’amalgame des situations civiles et religieuses est des plus douloureux et difficile à vivre. C’est souvent la réalité que vivent les pauvres sans défense.
C’est la réalité de Jésus. Nous la comprenons mieux quand nous sommes dans ces situations d’injustice. Mais la grâce de Dieu surabonde quand nous passons par ce genre d’épreuve. C’est la contemplation de Jésus humilié qui nous sauve de cette humiliation de la condamnation subie. Une nouvelle communion est alors vécue avec Jésus et dans ses frères rejetés. Nous comprenons mieux les dangers du pouvoir injuste et le travail difficile de la libération des opprimés. La réalité de l’Eglise est de vivre sans cesse du lavement des pieds qui la met au bon niveau dans l’exercice de l’autorité. Avec une grande Sagesse, c’est le chemin que Jésus nous propose pour marcher à sa suite et pour célébrer l’Eucharistie.
Caresser la brise et danser au jour fleuri…Vienne la pluie, souffle le vent pour dépouiller.
Seul, Jésus est l’Innocent. Le péché de l’origine et notre péché personnel nous fait entrer dans la culpabilité. Pauvres pécheurs, nous sommes sauvés par Jésus quand nous sommes accusés. L’accusation nous remet devant l’accusateur des frères à l’origine. L’apôtre Jean dira, « celui qui les accuse jour et nuit. » Nous sommes des êtres ambigus qui doutons sans cesse de la réalité de l’œuvre de Dieu en nous. Nous pouvons toujours croire qu’il est possible de nous sauver par nous-mêmes, en entrant dans des contestations humaines ! L’expérience montre la vanité d’une telle attitude. Jésus seul peut nous sauver dans de telles situations. Il nous faut opter pour Jésus, qui seul, peut nous sauver et pour son Salut.
Consentir c’est féconder la vie. A l’ombre désirée le fruit est présenté.
C’est une œuvre de sanctification qui s’opère en nous quand Jésus nous invite à le suivre dans sa Passion par des accusations. Sauvés, libérés par lui de toute culpabilité, nous avons encore à « intégrer » le salut de Dieu dans notre propre chair. C’est par la Croix que Jésus nous propose, en le suivant dans cette agonie, de nous guérir. Les pauvres et les petits revivent d’une « manière générale » les situations d’exclusion et de rejet que Jésus a portées dans sa propre chair. Eclairés par l’Evangile, nous pouvons dire comment la Passion de Jésus s’exerce dans la vie des autres. Eclairés par le même Evangile, nous sommes surpris de voir la difficulté que nous avons à discerner l’œuvre de la Passion dans notre propre vie ! Pourtant, tous les éléments s’y retrouvent bien. Cependant, nous vivons à une autre époque, et selon d’autres conditionnements plus psychologiques. Jésus est l’Immaculé de Dieu.
Nous reconnaissant dans l’Amour que Jésus nous porte, que nous pouvons entrer dans les souffrances qui nous affectent et y découvrir l’œuvre du Salut de Dieu.