Sur le chemin de conversion de Claire.

Jeudi 28 novembre 2024

Sur le chemin de conversion de Claire.

Claire est arrivée à l‘Arche à trente ans, venant de l’hôpital psychiatrique où elle était restée six ans depuis le décès de sa maman. Elle avait vécu son enfance jusqu’à l’âge de vingt-quatre ans, sur une péniche avec sa mère, son beau-père et son frère qui étaient bateliers. Claire est arrivée marquée par un handicap mais surtout par une vie familiale difficile, et à laquelle elle fait souvent allusion. Pour trouver la paix, il fallait que Claire soit plongée dans un bain d’amour nouveau. Ses souffrances s’exprimaient par une forte agressivité, un besoin constant que l’attention soit portée sur elle ; mais avec autant d’intensité, elle savait compatir, faire plaisir et se montrer fidèle dans ses amitiés. Pour trouver la paix, il fallait que Claire soit baignée d’un bain d’amour nouveau tel que seul Jésus nous le donne. II fallait qu’elle soit rejointe par des frères et des sœurs qui, dans la fidélité à leurs divers états de vie, sachent entrer en communion directe avec son cœur blessé.

II était difficile de parler de Jésus à Claire lors de la préparation à sa première communion. « Ah ! disait-elle, Jésus c’est comme les autres hommes rencontrés sur la péniche de ma mère ! ». Nos meilleurs effets “spirituels” étaient coupés. Claire avait connu sur la péniche de sa famille toutes sortes d’aventures qui ne cadrent pas particulièrement bien avec la vie chrétienne. Elle était très meurtrie affectivement et moralement par sa vie antérieure, et elle était empêchée de percevoir une vie meilleure. II était difficile de parler de Jésus à Claire. Cependant, la vie fraternelle avec des hommes et des femmes, le respect mutuel, la vie selon I’Évangile, ont, peu à peu, transformé sa vie. Claire a appris qu’il y avait d’autres manières de se comporter entre hommes et femmes que ce qu’elle avait connu sur sa péniche. La vie de prière, ses relations avec son parrain, avec le prêtre, ont permis à Claire de changer progressivement l’image qu’elle avait de l’homme. La présence auprès d’elle de femmes à l’aise dans leur choix de vie a permis à Claire de changer l’image féminine. Femmes fidèles dans le sacrement du mariage, fidèles à Jésus dans le quotidien de la vie, elles ont permis à Claire de renouveler sa perception d’elle-même. Après une éducation chrétienne, Jésus est "quelqu’un" pour Claire. Marie, la maman de Jésus, est aussi importante pour elle.

Claire a pu découvrir le mystère de Jésus présent à travers ses relations vécues dans la communauté chrétienne. Jésus, accueilli dans la foi, peut se révéler dans la vie. Ce qui se révèle au pauvre se révèle aussi au jeune assistant qui cherche sa voie. La communauté permet à Claire de vivre une relation à Dieu, avant même parfois de pouvoir l’expliciter. C’est dans la confiance, en marchant avec cet amour nouveau, que l’abandon et la confiance de Claire se réalisent. Elle découvre une nouvelle façon de se situer entre frères et sœurs. Cet accueil des uns et des autres révèle le visage du Christ et le mystère de la vie humaine donnée par Dieu. Doucement, Claire évolue vers une pacification de sa vie. Certes, tout n’est pas encore résolu. Cependant, la profondeur du cœur éveillé chez Claire lui permet de dépasser ces moments de crises, de luttes. Claire sait maintenant discerner entre le plus profond de son cœur qui lui donne joie et paix, et le superficiel qui trouble et ne procure pas forcément un bonheur durable. Nous sommes en marche.

Le don de Dieu vient doucement atténuer la souffrance des pauvres. Elle se manifeste encore mais trouve déjà une consolation. Le mystère de Jésus nous donne de comprendre ce qui se vit dans le cœur du pauvre. La parole de Dieu éclaire cette vie d’accueil les uns des autres. Elle devient vivante et éclairante pour mettre des mots sur la Vie qui se donne dans les pauvres « qui achèvent en leur chair ce qui manque aux souffrances du Christ pour son Corps qui est l’Église ». [43] La vie sacramentelle nourrit chacun et donne la cohésion dans la communauté des pauvres. Claire a accompli une véritable découverte de Jésus. Il est devenu vraiment « Quelqu’un » pour elle. Claire, aujourd’hui, participe quotidiennement à l’Eucharistie. Après chaque messe elle vient à la sacristie pour un dernier contact, une dernière prière. Marie-Jeanne dit alors : « quand je vous vois, je vois Jésus ». Elle dit cela avec beaucoup de gravité et serait très perturbée si on se mettait à raisonner de trop. Claire connaît Jésus de l’intérieur. Il est lié à sa vie. Dans sa vie difficile, elle fait constamment appel à lui. Quand nous prions Marie avec elle, son petit visage s’illumine et nous entrons, à ce moment, dans le secret de son cœur, c’est-à-dire dans le silence. C’est très éclairant d’être témoin du cheminement de Claire. Dans sa pauvreté qui est très grande, elle s’est laissée éclairer par Dieu lui-même. Progressivement la pratique des sacrements de l’Église l’a transformée. Quelqu’un, Invisiblement s’est chargé de l’instruire. Claire est comme entrée en elle-même. Dans un cœur à cœur avec Jésus dans son Eucharistie, aidée par l’écoute de la Parole vivante de Dieu, l’Esprit Saint a parlé à son cœur. Tout en elle s’est approfondi. Parler de Marie, la maman de Jésus, trouve en elle un écho profond. Si nous évoquons les souffrances de Jésus, Marie Jeanne comprend. Elle-même a beaucoup souffert. Les Personnes divines progressivement se sont révélées à elle.

Revenir en haut