"De grandes foules faisaient route avec Jésus ; il se retourna et leur dit : « Si quelqu’un vient à moi sans me préférer à son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères et sœurs, et même à sa propre vie, il ne peut pas être mon disciple."

Saint Ignace était un homme tourmenté qui se posait beaucoup de questions. Dieu l’a guérit, il en a fait un maitre de discernement. Faites « tout, pour la plus grande gloire de Dieu ! » disait-il. Saint Ignace de Loyola nous apprend le discernement pour aller, dans l’Esprit Saint, là où Jésus nous envoie. Hier, Jésus s’adressait à ses compagnons de table invités comme lui chez un pharisien, et il leur proposait la parabole des invités absents, remplacés au dernier moment par les pauvres. Aujourd’hui Jésus s’adresse aux foules qui font route avec lui vers Jérusalem. A travers elles Jésus nous laisse des consignes de renoncement auxquels se préparent ceux et celles qui veulent devenir ses disciples. Il nous faut replacer tous nos liens affectifs, quels qu’ils soient, dans l’Amour du Christ. Etre prêt à lâcher tout ce qui n’est pas dans l’Amour infini de Dieu, c’est accepter de porter sa croix personnelle, c’est-à-dire le réel de sa vie. Nous sommes pour tous les messagers de Dieu, ses envoyés. Si son Amour est premier, c’est pour que Jésus accomplisse son règne de paix et d’amour dans le monde. Ainsi, grâce à l’humilité Dieu vient nous visiter, et il nous donne cette liberté toute nouvelle qui vient de lui.
« Celui qui ne porte pas sa croix pour marcher à ma suite ne peut pas être mon disciple. » Quel est celui d’entre vous qui, voulant bâtir une tour, ne commence par s’asseoir pour calculer la dépense et voir s’il a de quoi aller jusqu’au bout ? Car, si jamais il pose les fondations et n’est pas capable d’achever, tous ceux qui le verront vont se moquer de lui : “Voilà un homme qui a commencé à bâtir et n’a pas été capable d’achever ! A la fin de sa vie, Ignace affirmait que c’était possible de discerner l’œuvre de Dieu à accomplir sans cesse, à chaque instant. Cette grâce du discernement est le cadeau que Saint Ignace a fait à l’Église. L’Esprit Saint qui agissait en Jésus, agit dans son disciple. Nous pouvons faire la volonté de Dieu à chaque instant. Notre manière de rencontrer l’autre sera d’être attentif, car il est porteur de la volonté de Dieu pour nous ! Nous percevons d’où vient la parole si elle nous conduit à Dieu. Ainsi Dieu peut nous interpeller par une parole libre et libérante. Jésus ne cesse de nous renvoyer à un autre, à son Père. Se disposer ainsi à cet accueil tisse des relations nouvelles entre nous, des relations de liberté, des relations spirituelles. "Notre Seigneur, dit Saint Augustin, a été un modèle incomparable de patience : il a supporté un « démon » parmi ses disciples jusqu’à sa Passion. Il a dit : « Laissez pousser ensemble le blé et le bon grain jusqu’à la moisson, de peur qu’en arrachant l’ivraie, vous n’arrachiez le blé. » Il a prédit que le filet ramènerait sur le rivage toutes sortes de poissons, bons et mauvais." Dieu invisible et inconnaissable peut être connu et annoncé avec certitude. C’est possible d’accomplir ce que Dieu veut.
"Et quel est le roi qui, partant en guerre contre un autre roi, ne commence par s’asseoir pour voir s’il peut, avec dix mille hommes, affronter l’autre qui marche contre lui avec vingt mille ? S’il ne le peut pas, il envoie, pendant que l’autre est encore loin, une délégation pour demander les conditions de paix. Ainsi donc, celui d’entre vous qui ne renonce pas à tout ce qui lui appartient ne peut pas être mon disciple. « Prenons garde de ne pas laisser entrer dans notre cœur des pensées présomptueuses, de chercher à nous séparer des pécheurs pour ne pas nous souiller à leur contact, de vouloir former comme un troupeau de disciples purs et saints, » dit Saint Augustin. Dieu aime les pauvres, il aime en chacun de nous notre part de pauvreté. Nous ne sommes vraiment nous-mêmes que dans le Don de Dieu. Nous ouvrant à son amour divin, nous sommes aussi transformés. Cet amour donné et reçu nous unifie, il nous tourne vers les autres. Dans l’humilité Dieu veille, Il est là, il vit et il parle. La parabole de l’homme qui veut bâtir une tour, celle du roi qui veut partir en guerre, nous ramène à un bon sens, terre à terre. Le bon sens fait place à la folie des Béatitudes, à l’aventure de la foi. Aimer Dieu de toutes nos forces, devenir disciple de Jésus, c’est la seule urgence de notre vie.