Mercredi de la 13e semaine, année paire

Quand il fut arrivé sur l’autre rive, au pays des Gadaréniens, deux démoniaques, sortant des tombeaux, vinrent à sa rencontre, des êtres si sauvages que nul ne se sentait de force à passer par ce chemin.
Mardi 30 juin 2020

Am. 5, 14…24 Ps. 40 Mt 8, 28-34

  • Le mercredi 1 juillet 2020 iCal
    semaine 13 : Mercredi de la 13e semaine, année paire

« Et voilà qu’ils se mirent à crier : « Que nous veux-tu, Fils de Dieu ? Es-tu venu pour nous tourmenter avant le moment fixé ? »

La toute petitesse de Jésus est victorieuse de cette agressivité, grâce à l’Esprit Saint qui donne la force de Dieu. Deux démoniaques, sortant des tombeaux se mirent à crier ! Cette charge de violence ne désarçonne pas Jésus. Es-tu venu pour nous faire souffrir ? Jésus ne dit rien, ces deux démoniaques connaissent leur sort, ils ont compris qu’ils étaient vaincus. La grande pauvreté de Jésus nous est donnée en exemple pour que nous soyons victorieux grâce à l’Esprit Saint. "C’est donc en lui-même que l’homme est divisé. C’est pourquoi toute la vie des hommes, individuelle et collective, se manifeste comme une lutte, combien dramatique, entre le bien et le mal, entre la lumière et les ténèbres. Bien plus, l’homme se découvre incapable par lui-même de vaincre les assauts du mal de façon efficace ; et ainsi chacun se sent comme chargé de chaînes. Mais le Seigneur en personne est venu pour restaurer l’homme dans sa liberté et sa force, le rénovant intérieurement, et jetant dehors « le prince de ce monde » qui le retenait dans l’esclavage du péché. Le péché amoindrit l’homme lui-même en l’empêchant d’atteindre sa plénitude.

«  Or, il y avait au loin un grand troupeau de porcs qui cherchait sa nourriture. Les démons suppliaient Jésus : « Si tu nous expulses, envoie-nous dans le troupeau de porcs. » Il leur répondit : « Allez. » Ils sortirent et ils s’en allèrent dans les porcs ; et voilà que, du haut de la falaise, tout le troupeau se précipita dans la mer, et les porcs moururent dans les flots.  » L’adversaire, le menteur est l’ennemi de la nature humaine. Le rôle destructeur de l’accusateur des frères s’exerce à l’intérieur comme à l’extérieur de la communauté humaine. "Établi par Dieu dans un état de justice, l’homme, séduit par le Malin, a abusé de sa liberté dès le début de l’histoire en se dressant contre Dieu et en désirant parvenir à sa fin en dehors de Dieu. Alors qu’ils avaient connu Dieu, « ils ne lui ont pas rendu la gloire qui convient à un Dieu…, mais les ténèbres ont rempli leur cœur sans intelligence », et « ils ont servi la créature plutôt que le Créateur ». Notre propre expérience confirme ce que la Révélation divine nous fait connaître ainsi. Car l’homme, s’il examine son cœur, se découvre enclin aussi au mal et emmêlé dans des maux multiples qui ne peuvent pas venir de son Créateur, qui est bon. Refusant souvent de reconnaître Dieu comme son origine, l’homme a, par le fait même, brisé l’ordre juste qui l’orientait à sa fin ultime, et, en même temps, il a rompu toute harmonie, par rapport à lui-même, par rapport aux autres hommes et par rapport à toute la création." Saint Ignace de Loyola, dans les règles du discernement des exercices spirituels, dira qu’il nous faut regardez le début des pensées, le milieu des pensées et la fin des pensées. Une pensée bonne peut être détournée de sa fin et finir malheureusement en faisant des dégâts dans notre vie ! Nous nous en rendons compte au mauvais résultat qui advient après. Le Saint-Esprit donne au contraire l’harmonie de Dieu. Quant à Jésus, il ne donne aucune prise au menteur, c’est la Bonne Nouvelle, l’Agneau de Dieu est le plus fort. L’Évangile nous dit que tout le troupeau se précipita du haut de l’escarpement dans la mer et périt dans les eaux. Nous pouvons imaginer la scène.

Les gardiens prirent la fuite et s’en furent à la ville tout rapporter, avec l’affaire des démoniaques. Et voilà que toute la ville sortit au-devant de Jésus ; et, dès qu’ils le virent, ils le prièrent de quitter leur territoire. L’expérience des lieux déshumanisés fait frémir. Ces deux démoniaques attachés avec des fortes chaînes qui les cassent et se cisaillent ! Cette violence incroyable se « sent ». La demande faite à Jésus de quitter le territoire est mystérieuse. Toute la ville sortit au-devant de Jésus, et, dès qu’ils le virent, ils le prièrent de quitter leur territoire. Nous sommes heureux de nous mettre à l’école de Jésus face à cette violence extrême. C’est la paix et l’harmonie qui nous sont données pour bâtir la communauté avec ses parts d’ombre et ses lieux d’incertitude. Nous suivons Jésus pour faire advenir la Paix. Au plus profond de notre cœur nous prenons le choix de la lumière et de la vérité pour bâtir la communauté dans l’Esprit Saint et la volonté du Père. La vocation sublime de l’homme, comme sa profonde misère, dont tous font l’expérience, trouvent leur signification ultime à la lumière de cette Révélation.

Nous demandons à l’Esprit Saint la grâce d’entendre ces paroles pour être disponible à l’œuvre du Père dans l’Esprit Saint à la suite de Jésus.

Vos témoignages

  • pierre 1er juillet 2020 11:40

    « Que nous veux tu Fils de Dieu ? »

    Cette interpellation peut être déclinée sur plusieurs tonalités, du murmure intérieur au cri de rage…

    Dans sa tournure de phrase elle reflète paradoxalement une inquiétude sur la volonté de Jésus pour ces personnages « plein d’agressivité » et une certitude sur l’originalité de Jésus « Fils de Dieu ».

    Ces exilés de l’humanité portent en eux une supplication radicale : « si tu nous expulse, envoie nous dans le troupeau de porc ».

    Pour qui à déjà été expulsé d’un lieu, après cette opération « manu militari » par la force, ou les circonstances comme un licenciement, il reste une blessure de consentement arraché à l’être intérieur qui dit « c’était mieux avant », et qui cherche une sécurité avant de refaire l’expérience du déracinement.

    Jésus consent à un étrange dialogue avec cette part d’humanité « déglinguée s’il en est », qui demande d’en finir parmi les porcs plutôt que de finir souffrante comme s’il n’existait pas d’autre issue dans l’avenir. (« es tu venu pour nous faire souffrir avant le moment fixé ? »).

    Jésus dit simplement « Allez ». Une parole qui autorise un déplacement qui se concrétise par un troupeau de porcs en panique, livré à l’instinct primitif (fuir l’humanité qui chasse le gibier) se précipitant dans l’eau (la bousculade des premiers arrivés au bord du précipice par les poursuivants en pleine vitesse) et des gardiens de troupeau en fuite qui retournent en ville annoncer la libération des « possédés », lorsque Jésus est débarqué chez eux.

    Jésus remet l’humanité à sa place et la bestialité à sa bêtise. Mieux il rend l’homme, désarmé face à ce qui le dépasse dans le malheur, libre de le côtoyer dans le bonheur.

    Cette liberté que ne comprennent pas les citoyens de cette cité qui craignent que Jésus révèle leur complicité avec le mal, en préjugeant qu’il vaudrait mieux qu’IL s’éloigne.

    Lorsque nous sommes malmenés dans la vie sociale, [et Jésus annonce à ses disciples qu’ils seront persécutés et rejetés comme Lui], ce passage de l’évangile est pour nous libérateur, car il nous dit que l’enfermement dans le malheur qui est parfois imposé par des concitoyens sans état d’âme n’est pas sans remède : Jésus nous dit aussi « Allez, je vous envoie comme le Père m’a envoyé », à nous d’entendre « dans Son Esprit Saint » qui apaise toutes les tempêtes intérieures et extérieures.

    Par Lui, avec Lui, en Lui nous avons la guérison du corps, de l’esprit et de l’âme, car il est le Bien Aimé de Dieu, Bien Aimant toute humanité, Agneau et Berger « demeurant dans l’Esprit Saint », le soutien de tous ceux qui cherche l’amour et la vie éternelle en Lui.

  • Corentin 1er juillet 2020 10:03

    Merci Père, pour cette homélie ; Jésus est vainqueur et vît en nous, par Sa Lumière, sa Vérité d’Amour.

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