"Du milieu de la foule, un homme demanda à Jésus : « Maître, dis à mon frère de partager avec moi notre héritage. » Jésus lui répondit : « Qui m’a établi pour être votre juge ou pour faire vos partages ? »

S’il nous faut respecter les nécessités humaines de la vie, il nous faut plus encore honorer la dimension spirituelle de notre être. Notre manière de vivre éclaire le but que nous donnons à notre existence : soit tout se termine avec la vie terrestre, soit cette vie est une étape vers la vie éternelle. Il nous faut être en cohérence dans ce que nous vivons avec ce que nous croyons. La vie présente est le commencement de la vie éternelle, elle est une préparation à la rencontre ultime avec le Dieu d’Amour. Dans l’Evangile, à partir d’une situation de conflit, Jésus, selon son habitude, élève le regard de son interlocuteur, il l’ouvre à regarder en face les vraies valeurs, il l’entraine plus loin. C’est la capacité d’aimer et d’être aimé qui donne du sens et de la valeur à notre vie, le reste est illusoire. Il y a dans le cœur de l’homme des peurs et des désirs qui le poussent à rechercher les biens matériels. Nous cherchons dans la possession des biens une sécurité pour apaiser notre crainte de l’avenir ou la satisfaction de notre désir de puissance ou de gloire.
"Puis, s’adressant à la foule : « Gardez-vous bien de toute âpreté au gain ; car la vie d’un homme, fût-il dans l’abondance, ne dépend pas de ses richesses. » Et il leur dit cette parabole : « Il y avait un homme riche, dont les terres avaient beaucoup rapporté. Il se demandait : ’Que vais-je faire ? Je ne sais pas où mettre ma récolte.’ Puis il se dit : ’Voici ce que je vais faire : je vais démolir mes greniers, j’en construirai de plus grands et j’y entasserai tout mon blé et tout ce que je possède. Jésus nous rappelle que l’augmentation des biens matériels n’ajoutera rien au bonheur de notre vie terrestre. Un jour il nous faudra quitter cette vie terrestre pour la vie éternelle avec Dieu à laquelle nous sommes destinés. Dès à présent nous tendons vers les réalités spirituelles qui seules passeront la mort. Dieu Amour a mit en nous une capacité d’aimer et d’être aimé pour accueillir l’Amour même. Notre vie est cachée en Dieu et nous sommes déjà ressuscités avec le Christ recherchant les réalités d’en haut. Il s’agit durant notre vie terrestre, de travailler à augmenter notre capacité d’aimer qui nous fera franchir le cap de la mort. La manière dont nous nous servons des biens matériels est le critère de l’amour authentique. Il est celui avec lequel nous pouvons juger de notre vie.
"Alors je me dirai à moi-même : Te voilà avec des réserves en abondance pour de nombreuses années. Repose-toi, mange, bois, jouis de l’existence.’ Mais Dieu lui dit : ’Tu es fou : cette nuit même, on te redemande ta vie. Et ce que tu auras mis de côté, qui l’aura ?’ Voilà ce qui arrive à celui qui amasse pour lui-même, au lieu d’être riche en vue de Dieu. » Le monde avide de biens croit trouver dans les biens sa sécurité. Rempli de lui-même, il se fait illusion car Dieu seul est le maitre de la vie et de la mort ! L’homme est le dépositaire de biens proposés pour faire advenir l’amour authentique du Royaume de Dieu. Le but de notre passage sur la terre est le partage et le don de ces biens aux plus petits en vue du Royaume. C’est ainsi que nous nous préparons un trésor pour le ciel. Devenir riche pour Dieu avec Jésus le Sauveur de notre vie, c’est entrer dans une dynamique de détachement par rapport aux biens matériels pour communier tous ensemble dans l’amour. L’amour de Dieu, reçu et partagé, est le lieu où nous réalisons notre véritable réussite humaine. Nous quittons alors nos peurs et nos désirs de puissance pour trouver en Dieu et dans l’amour partagé notre sécurité et notre bonheur. Le partage, l’accueil de l’autre et surtout du petit et du pauvre, est un trésor, une richesse pour Dieu. Tout vient de Dieu, tout nous est donné pour le partage. Ainsi se bâtit le Royaume des cieux sur la terre.