d) Mon amant a pris son envol et l’ombre se meurt sur le sol,
A travers les feuilles du pommier Nos regards se sont rencontrés Mon amant a pris son envol et l’ombre se meurt sur le sol O dérobe-moi mon amant Ou fais de mon corps ton froment
L’envol de l’Amant est douleur pour l’amante. Son cœur désormais, bat au rythme du Crucifié et du Glorifié. Etrange mélange de douleur et de joie. Maintenant la nuit est Lumière et la Lumière est Nuit. C’est la Nuit de l’Amour qui attend le jour. Marie est seule pour la mémoire, la mémoire de l’Aimé et la mémoire de l’aimant. Elle fut recouverte de l’Ombre et désormais l’ombre se meurt sur le sol. Qui habitera maintenant la demeure du Bien Aimé ? L’amant se lève à la suite de l’unique Bien Aimé. Comme son Maitre, l’ombre le recouvrira, ombre de la nuit qu’éclaire Marie dans son Mystère. La Lumière brille dans les ténèbres de la mort. Et le Vivant surgit du cœur de l’aimant, mais c’est de nuit ! L’aimante en saisit l’éclat, elle aussi cherche le Bien Aimé dans la nuit. C’est le fils qui apparaît : Femme voici ton fils. L’Unique désormais prend visage d’aimé, et l’amante le reconnaît. Merci, O Dieu, pour la Lumière dans la nuit. Mais l’aimant comme L’Aimé, boit au calice d’amertume. C’est le mystère d’iniquité qui sévit dans le monde ! Pouvez-vous boire à ma coupe d’amertume ? Le choisi répond oui, nous le pouvons. Et le Maitre confirme : à ma coupe vous y boirez. Comme Jésus, vous avez bu au calice d’amertume, et voici que des plaies s’écoule un vin nouveau. Mon amant a pris son envol et l’ombre se meurt sur le sol. La grâce du bonheur est offerte à l’aimée qui boit à la coupe. Dans ce nouvel Amour, l’humilité est reine, le pardon a tout pris, des restes d’amertume. Le bonheur seul est fruit d’humilité, l’amertume est disparue, il ne reste que l’amour. Gardes moi tout contre toi, que je demeure dans l’Amour. C’est le secret nouveau donné par Jésus : « Comme je vous ai aimé, demeurez dans mon amour. » L’Ami de l’époux est tout heureux de la voix de l’Epoux. Il faut qu’il grandisse et que je diminue. Ainsi l’humilité de la victoire de l’Agneau. Déjà il nous précède dans le grand bonheur. Le ciel est ouvert, l’amour surabonde, c’est la miséricorde qui ouvre le Passage.
Tout est grâce ! L’Amour déjà veut tout prendre, mais il faut l’ouverture qui prépare le pardon. C’est l’intention du cœur qui sera le chemin, nageant dans l’action de grâce, qui ouvre le cœur aimant, de l’amour de l’aimé. Jamais le Seigneur ne refuse un cœur qui s’abandonne. Déjà il donne le repos de l’amour à l’aimée qui le cherche ! C’est dans l’ombre, qui se meurt sur le sol, que la lumière va jaillir comme le reflet de l’Amour du bien Aimé, qui a pris son envol. Désormais il est là, dans la nuit proposée, que l’amante dans son cœur a tant désiré. Comment rendrais-je au Seigneur tant de grâces reçues, il ne refuse pas un cœur qui s’abandonne. C’est ce cœur désormais, qui désire l’Amour, de l’Unique Bien Aimé qui sommeille en son cœur. Le don de l’Amour est maintenant répandu, dans le cœur de l’aimée qui provoque l’appel, c’est l’appel de l’Amour au cœur de l’ami, heureux déjà de vivre de ce nouvel Amour. Lui seul est le véritable, mais l’Epoux prend son cœur comme messager, d’un amour au-delà, qui déjà s’est donné. C’est l’Amour Eternel qui se fait familier, du cœur qui cherche sans fin son Amour caché. Saint Jean de la Croix dit à sa manière le désir de l’aimée : Oh ! Combien douce me sera ta présence Toi le bien suprême Je m’approcherai silencieusement de toi Et je te découvrirai les pieds pour que Tu daignes m’unir à toi en mariage Et je refuserai toute joie jusqu’à Ce que je sois heureuse dans tes bras Et maintenant je t’en prie, Seigneur, Ne me laisse jamais plus dans mon isolement, Car je ne puis que gaspiller mon âme