S’étant retourné, Pierre aperçoit, marchant à leur suite, le disciple que Jésus aimait. C’est lui qui, pendant le repas, s’était penché sur la poitrine de Jésus pour lui dire : « Seigneur, quel est celui qui va te livrer ? »
Pierre, voyant donc ce disciple, dit à Jésus : « Et lui, Seigneur, que lui arrivera-t-il ? » Jésus lui répond : « Si je veux qu’il demeure jusqu’à ce que je vienne, que t’importe ? Toi, suis-moi. » Jésus ressuscité renouvelle la fidélité des disciples, particulièrement celle de Pierre et de Jean. Pierre voudrait s’accorder à la vision de Jésus sur chacun puisqu’il lui donne de guider son Église. Il voudrait entrer dans la connaissance des projets de notre Père des cieux sur chacun des siens. Nous comprenons son désarroi devant la beauté de l’appel de Jean. Son appel est le secret du Père. Jésus est dans la vision du Père pour chacun, elle est unique. Jean, le disciple aimé de Jésus, est une préoccupation pour Pierre. Jésus manifeste le "secret" du disciple bien aimé qui ne se révèle que dans cet Amour même. "Si je veux qu’il demeure jusqu’à ce que je vienne, que t’importe ?" La continuité de l’expérience vécue par les apôtres avec Jésus demeure. Jésus ressuscité réaffirme sa présence aux côtés de ceux qui Le suivent. Son être est glorifié et il donne la vie éternelle par son humanité glorifiée. Il surprendra ses disciples "jusqu’à la fin » ! Il chérit l’humanité que Marie lui a tissée en l’emmenant dans ce retour vers le Père.
Le bruit courut donc parmi les frères que ce disciple ne mourrait pas. Or, Jésus n’avait pas dit à Pierre qu’il ne mourrait pas, mais : « Si je veux qu’il demeure jusqu’à ce que je vienne, que t’importe ? » C’est ce disciple qui témoigne de ces choses et qui les a écrites, et nous savons que son témoignage est vrai. Pierre doit respecter le secret du grand mystère de l’œuvre de Dieu. L’Esprit Saint qui est intervenu auprès de la Vierge Marie pour que se réalise la venue de Jésus dans la chair, continue son œuvre d’amour. Dans l’engendrement du Père, Marie a tissé Jésus dans la chair dans le Saint Esprit. Le mystère de l’Incarnation fut progressivement révélé ! L’unité d’amour entre le Père et le Fils s’est retrouvée entre la mère et son enfant, c’est l’unité de l’Esprit Saint. Cette unité ne cessera pas, même dans les moments les plus difficiles de la Passion de Jésus. « Je veux que là où je suis, ils soient eux aussi ! » Jésus, le nouvel Adam, et Marie la nouvelle Ève, se trouvent réunis dans la Passion et la compassion avec Jean qui devient son fils. Ce mystère de l’unité de l’Amour, tel qu’il est réalisé en Dieu doit se réaliser en nous, c’est un secret d’amour que seul l’Esprit Saint va nous révéler.
Il y a encore beaucoup d’autres choses que Jésus a faites ; et s’il fallait écrire chacune d’elles, je pense que le monde entier ne suffirait pas pour contenir les livres que l’on écrirait. La continuité de l’œuvre de Jésus, dans l’espace et dans le temps, se poursuit par le disciple bien-aimé. Il rend témoignage que le Seigneur est avec lui en toute circonstance. C’est la raison pour laquelle il peut l’écrire et sa parole est véritable. Il rend témoignage en éprouvant la présence continuelle du Christ. Chacun d’entre nous peut devenir ce disciple bien-aimé dans la mesure où il se laisse guider par l’Esprit Saint. C’est l’Esprit Saint qui nous aide à découvrir, à l’intérieur de nous-mêmes, la présence de Jésus. Jésus nous a donné les paroles de la vie qui ne passe pas. Les Apôtres les ont reçues et ils ont cru que le Père les a envoyés. L’Imposition des mains fait de nous les membres vivants du Christ qui tiennent leur unité de l’unité même de la Trinité : « Qu’ils soient un comme toi Père et moi nous sommes un. » Dans cette remontée vers le Père, Jésus nous entraîne dans son amour. Pierre doit entrer dans ce mystère de vie qui le dépasse et où chacun, selon sa grâce, suit Jésus : « La vie éternelle, c’est qu’ils te connaissent, toi, le seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus–Christ. »