"Alors Jésus s’adressa aux foules et à ses disciples, et il déclara : « Les scribes et les pharisiens enseignent dans la chaire de Moïse. Donc, tout ce qu’ils peuvent vous dire, faites-le et observez-le. Mais n’agissez pas d’après leurs actes, car ils disent et ne font pas."

Jésus a proclamé les Béatitudes sur la Montagne, il marche humblement avec ses disciples incarnant dans tout son être ce qu’il annonce. Le surgissement de la Parole de Dieu par un prophète envoyé de Dieu était toujours possible. La « chaire de Moïse » signifiait pour le Peuple Juif, la volonté de se livrer à la Parole reçue des Anciens. Nous faisons silence en essayant de nous situer à la suite de Jésus. Il est scandalisé par l’attitude des scribes et des pharisiens qui se sont assis dans la chaire de Moïse. Là, ils sont revêtus d’autorité et de prestige ! Les petites gens crédules se laissent prendre par cet « extérieur, » ils sont perdus à cause de l’hypocrisie. Jésus sait qu’il va vers sa Passion. Les disciples seront bientôt seuls, il leur faudra être fidèles à la nouveauté qu’il instaure et qu’ils auront à transmettre. S’ouvrir au Royaume des Cieux doit ainsi aller jusque là ! Nous sommes aujourd’hui « assis » dans la chaire de Jésus ! Le même risque décrit par Jésus se trouve à notre porte. Il nous faut sans cesse vérifier la cohérence de nos paroles et de nos gestes avec la Parole que nous annonçons ! Le divorce entre le dire et le faire est désastreux !
"Ils attachent de pesants fardeaux, difficiles à porter, et ils en chargent les épaules des gens ; mais eux-mêmes ne veulent pas les remuer du doigt. Toutes leurs actions, ils les font pour être remarqués des gens : ils élargissent leurs phylactères et rallongent leurs franges ; ils aiment les places d’honneur dans les dîners, les sièges d’honneur dans les synagogues et les salutations sur les places publiques ; ils aiment recevoir des gens le titre de Rabbi. La tendance à vouloir être « vus des hommes, » pour occuper une place, signifie une incapacité à se tenir sur soi. C’est dans le silence et dans la solitude que nous demeurons en intimité avec Celui qui nous fait vivre. La tentation est grande de se récupérer dans une extériorité où chacun reçoit de l’autre son identité. C’est l’ancrage dans la mission reçue dans le secret du cœur qui reconnaît en l’autre un frère à aimer. Dans le désir d’authenticité de notre époque, cette Parole résonne fort ! Tout ce qui s’adressait aux juifs, s’adresse aujourd’hui à nous. Les dangers présents dans la première Alliance ressurgissent avec une force plus grande car le message de Jésus est plus divin ! L’intériorité, la relation vivante avec le Dieu vivant, ne doit pas être éclipsée par l’apparence ! Jésus met en garde ses disciples, le remède que propose Jésus est radical !
"Pour vous, ne vous faites pas donner le titre de Rabbi, car vous n’avez qu’un seul maître pour vous enseigner, et vous êtes tous frères. Ne donnez à personne sur terre le nom de père, car vous n’avez qu’un seul Père, celui qui est aux cieux. Ne vous faites pas non plus donner le titre de maîtres, car vous n’avez qu’un seul maître, le Christ. Le plus grand parmi vous sera votre serviteur. Qui s’élèvera sera abaissé, qui s’abaissera sera élevé. Le nouveau rapport que propose Jésus à ses frères est celui de fraternité. Elle naît à partir de la liberté de chacun et d’une manière commune de se rapporter aux autres. Alors surgit la merveille de la reconnaissance, de la fraternité. L’action du Père de qui vient toute paternité est ouverte. La fraternité et le respect de l’autre peut être réintroduits dans l’humanité. Dieu est le seul « Roi » et Jésus qui manifeste le Père, est le seul Maitre. C’est dans le secret de la Présence du Père, dans l’intériorité de la vie de l’Esprit Saint que va se poursuivre l’Action de Dieu. Ainsi chacun est en lien direct et personnel avec le Mystère de Dieu. Chacun est appelé à être frère de son prochain, conduit par le seul et unique maître, le Christ.