"Les pharisiens survinrent et se mirent à discuter avec Jésus ; pour le mettre à l’épreuve, ils cherchaient à obtenir de lui un signe venant du ciel."

Jésus refuse de donner un signe tel qu’on lui demande car aucun signe ne peut parler aussi fort que sa personne. Aucune preuve ne peut être plus évidente que ses « œuvres, » comme la multiplication des pains qui précède notre texte. Jésus ne donne pas de signe parce qu’il réalise dans sa personne la Parole vivante de Dieu : Il est le signe. Tout comme Jonas fut un signe pour les Ninivites, de même, le Fils de l’homme le sera pour cette génération. Il ne donne pas de signe, mais il nous fait découvrir peu à peu le mystère de sa Personne pour nous faire découvrir que le Royaume, c’est Lui. Jésus vient restaurer notre relation avec Dieu. Au lieu d’être reçu, il est suspecté ! Cette attitude détériore toute relation qui demande à priori la confiance, surtout dans la relation avec Dieu. Les Pharisiens se sont approprié le monopole de la relation à Dieu et de ses dons ! Nous recevons de Dieu l’action de grâce qui déborde en supplication et en reconnaissance. Dieu est si bon qu’il nous donne ce qu’il a de meilleur. La Vierge Marie, en présentant Jésus au Temple a donné ce qu’elle avait reçu de plus merveilleux : Jésus. Elle l’a remis à Dieu. C’est la meilleure manière de garder le don en Dieu. Le consacrer, le mettre au service de Dieu, au lieu de nous l’approprier.
"Jésus soupira au plus profond de lui-même et dit : « Pourquoi cette génération cherche-t-elle un signe ? Amen, je vous le déclare : aucun signe ne sera donné à cette génération. » Nous voulons des signes parce que nous ne savons pas contempler Jésus. Nous ne savons pas discerner Jésus qui est l’homme nouveau, jailli du cœur du Père. Nous ne savons plus être frappé d’étonnement ni demeurer suspendu à ses lèvres. Nous voulons des signes plutôt que de découvrir la beauté de la Parole divine. Nous voulons des signes toujours plus puissants qui nous dispensent de le chercher dans la prière, de le découvrir dans la contemplation de sa Présence. Nous voulons des signes parce que nous ne savons pas voir qu’il y a autour de nous des signes qui nous le montrent. Les hommes et les femmes qui vivent quotidiennement selon l’Evangile et acceptent que leur vie soit ainsi transformée sont des témoins vivants. Notre vie est remplie des signes de la tendresse de Dieu ! Jésus a beaucoup parlé, Il a fait des signes étonnants, mais les Pharisiens ne croient pas en Lui. Alors Jésus soupire au plus profond de lui-même, Il est meurtri. Il remonte dans la barque et il s’en va, montrant ainsi son désaccord. Il est en droit d’attendre une relation d’amour qui donne de vivre dans la reconnaissance. Dieu attend que nous demeurions fidèles à cette relation d’amour.
"Puis il les quitta, remonta en barque, et il partit vers l’autre rive." Le paradoxe qui transpire tout au long de l’Évangile, c’est qu’en se faisant voir en son Fils, Dieu devient méconnaissable pour ceux qui ne croient pas en lui. Jésus provoque nos regards sur sa personne. Il est le chemin pour découvrir le visage de Dieu. Sa personne est cette porte étroite venue vers nous pour que nous ne puissions aller vers Lui. Tout signe qui fait du bruit ne lui rend pas témoignage, tout signe qui suscite l’enthousiasme des foules est obstacle à la discrétion que Jésus a choisie en se faisant l’un de nous. Jésus préfère nous convaincre en touchant nos cœurs. C’est là, dans ce lieu secret, qu’il vient nous faire signe. Nous voulons rendre grâce à Dieu pour tout ce qu’il nous donne et cultiver ce don de Dieu. Nous demeurons dans l’action de grâce, nous demeurons dans la grâce du don qu’il nous a fait. Le don que Dieu nous fait est infini, il est de toujours à toujours, nous demeurons dans le don de Dieu, ainsi qu’il demeure et nous et nous nous réjouissons de ce don. Les merveilles que Dieu fait sont innombrables, le signe de l’Amour infini de Dieu est à l’intérieur de notre relation à Dieu.